La France doit s’attaquer résolument au narcotrafic, cette hydre criminelle dont le souffle alimente violence et corruption, par une série de mesures ambitieuses. Déclarée « cause nationale », cette lutte ne peut plus se limiter aux petits revendeurs : elle doit viser à décapiter les réseaux criminels et à frapper au cœur de leur empire financier. Une réponse inspirée du modèle américain, avec un parquet national anti-stupéfiants et une agence calquée sur la DEA, capable de coordonner sans faille les forces judiciaires, policières et administratives, apparaît comme une nécessité.
Dans les quartiers gangrénés par le trafic, des task forces doivent intervenir sous l’autorité des préfets, traquant les failles, gelant les avoirs des trafiquants et sondant leurs patrimoines à la manière de sismographes détectant des fractures tectoniques. L’enquête, dans ce domaine, doit devenir scientifique et stratégique, empruntant aux méthodes éprouvées contre le terrorisme. Ce n’est pas seulement une guerre des armes, mais une bataille des portefeuilles et des avoirs financiers.
Cependant, le poison du narcotrafic ne se limite pas aux dealers ou aux passeurs. Un autre rouage, plus discret mais tout aussi insidieux, est constitué par les consommateurs. « Pas de drogue sans demande, pas de deal sans client » : il faut une prise de conscience collective. Les plaisirs éphémères de certains se paient en vies brisées et en quartiers ravagés. Cette responsabilité, souvent diluée, revient inévitablement frapper aux portes des citoyens.
Pour affronter cette guerre souterraine, une nouvelle arme juridique émerge : le Parquet national anticriminalité organisée. Tel un centre névralgique, il supervisera la traque des têtes de réseau, facilitant extraditions et coopérations internationales. Avec cette structure centralisée, la France espère rassembler les énergies dispersées et s’attaquer à l’écheveau complexe du crime organisé.
Pourtant, les défis sont immenses. La corruption s’infiltre tel un poison, irrigant 60 % des réseaux criminels européens. Le blanchiment d’argent, cet art sombre, détourne les technologies numériques et les monnaies électroniques, défiant des moyens encore trop souvent insuffisants. La complexité du dispositif, éclaté en une mosaïque d’acteurs, freine la circulation de l’information et dilue les efforts.
Face à cet ennemi protéiforme, la réponse française devra être agile, inventive et implacable. L’heure n’est plus à la dispersion, mais à la convergence des forces.
En Martinique, le fléau est déjà bien installé. On apprend, par exemple, qu’un groupe de jeunes issus de bonnes familles s’est récemment lancé dans ce commerce lucratif. Le narcotrafic, tel un mal insidieux, se propage à toutes les couches de la société. Serait-il déjà trop tard pour endiguer ce fléau social ?
Gérard Dorwling-Carter