Ci-dessous une synthèse de La Tribune deJean-Marie Nol
La Guadeloupe et la Martinique, en tant que territoires ultramarins français, se trouvent confrontées à des transformations majeures liées aux mutations géopolitiques, technologiques, économiques et climatiques. La reconfiguration mondiale actuelle, marquée par un retour à une logique de blocs opposant les puissances occidentales et les économies émergentes des BRICS, place ces îles au cœur des enjeux stratégiques, notamment grâce à leur position géographique et leurs vastes zones économiques exclusives. Ces territoires jouent un rôle clé dans la sécurisation des ressources marines et des flux commerciaux, tout en étant exposés aux tensions géopolitiques et à l’influence croissante de puissances émergentes comme la Chine.
Sur le plan économique, les mutations technologiques et climatiques imposent des défis colossaux. L’automatisation, l’intelligence artificielle et la transition énergétique transforment les structures économiques locales, entraînant à la fois des risques de chômage dans les secteurs traditionnels et des opportunités de nouveaux emplois dans les énergies vertes et le numérique. Toutefois, ces changements nécessitent des investissements massifs en infrastructures, en éducation et en formation, ainsi qu’un accompagnement financier de l’État pour éviter une exacerbation des inégalités sociales.
Le changement climatique aggrave les vulnérabilités structurelles des deux îles, exposées à des phénomènes naturels tels que les cyclones, les inondations et la montée des eaux. Ces catastrophes impliquent des coûts croissants pour l’État et les collectivités, tandis que l’adaptation des infrastructures publiques devient impérative. La transition énergétique et la modernisation des logements pour réduire leur empreinte carbone nécessiteront des fonds importants, tout comme l’accompagnement des secteurs vulnérables comme l’agriculture et le tourisme.
Face à ces défis, la diversification économique est indispensable. Le développement des énergies renouvelables, de l’économie bleue et de la transformation locale des matières premières constitue des pistes stratégiques pour réduire la dépendance énergétique et renforcer la résilience économique. Par ailleurs, une meilleure intégration régionale, notamment via des partenariats avec la CARICOM, et une mobilisation des financements internationaux pourraient offrir des leviers significatifs.
Ces transformations exigent une adaptation institutionnelle. Un dialogue renforcé avec l’État français pour obtenir des politiques différenciées et des aménagements fiscaux, ainsi qu’une implication accrue des populations locales dans les décisions stratégiques, sera nécessaire. Enfin, ces évolutions, bien que coûteuses à court terme, représentent une opportunité unique de réinventer le modèle économique et sociétal de la Guadeloupe et de la Martinique en misant sur la durabilité et la résilience.ç