Une bulle d’oxygène et de paix intérieure dans un monde anxiogène. Une quête de la beauté dans les choses simples de la vie. C’est ce que propose la Fondation Clément à travers l’exposition consacrée à l’artiste cubain, Manuel Mendive. Elle est visible jusqu’au 24 août.
Un hymne à mère nature par là, un hommage à la spiritualité par-ci, des saynètes de la vie quotidienne de l’autre côté. Une nouvelle exposition a pris place à la Fondation Clément. Une exposition en tout point exceptionnelle. Il ne s’agit pas d’une exposition itinérante qui a fait une halte à l’habitation Clément. Non, elle a été tout spécialement conçue pour la Fondation. Elle est l’œuvre de toute une vie. Celle de Manuel Mendive, artiste cubain, chantre de toute une génération. Les œuvres d’art questionnent sur le rapport de l’artiste tout comme du visiteur à la beauté. “La vie devrait être belle”, du nom de l’exposition qui sonne comme un hymne à la positivité, “La vida deberia ser hermosa” en version originale.

Assis comme un vieux sage avec ses longues locks blanches, il prend appui sur canne devant une de ses œuvres. Tantôt jaunes, tantôt blanches, des silhouettes vêtues de longues toges s’élèvent derrière lui. L’artiste de 80 ans veut une visite intellectuellement interactive. Ainsi, il ne livre pas le secret de ses œuvres. Manuel Mendive laisse le champ libre. Il est partisan que le visiteur interprète lui-même le sens qui se dégage des œuvres. “La vie devrait être belle est dans l’univers de Mendive, une affirmation philosophique profonde qui s’oppose à toute esthétisation banale de l’existence. Ainsi, cette exposition est une quête d’une expérience du monde qui retrouve la beauté comme principe intégrateur de la diversité et des contradictions…”, décrit la Fondation Clément.
L’exposition se base sur le concept de la beauté. Manuel Mendive, encore une fois, interroge le visiteur : “Où se trouve cette beauté ?” L’artiste montre son art avec simplicité, un salon de danse, un totem à la spiritualité, une porte d’un bleu vif qui mène vers un chemin inconnu ou qui signale la fin d’un parcours.
Ce qui rend cette exposition si exceptionnelle et unique, c’est que “La vie devrait être belle” a été complètement conçue pour la Fondation Clément. Certaines œuvres viennent du musée national de Bellas Artes de Cuba, d’autres viennent directement de la collection privée de Manuel Mendive. Dans les salles de la Fondation s’étalent 80 ans d’une vie d’artiste à travers tous les thèmes et tous les médiums.
Mais qui est cet artiste plasticien qui ne cesse d’interpeller son visiteur ? Il naît en 1944 à la Havane, capitale de Cuba. Il fait partie des premiers élèves à être diplômés des écoles des Beaux-arts de Cuba créées après la révolution. Puis il se met à explorer artistiquement son identité cubaine. Textile, bois, toile, Manuel Mendive multiplie les supports de production. À travers ses œuvres, il exprime une profonde spiritualité basée sur la religion de la santeria regla ocha. Il puise de cette culture afro européenne, l’essence de son travail. Bien qu’il se distingue par son parcours avant-gardiste, Manuel Mendive reste un artiste avant tout qui se sert de médium pour exprimer sa soif de liberté, d’amour et de poésie.
L’art cubain se regarde par le prisme de l’exil. La crise économique que traverse l’île pousse de nombreux artistes à la quitter. L’art cubain est marqué par des artistes exilés en Espagne ou aux États-Unis. La migration est un maillon essentiel à la compréhension de cet art qui a dépassé ses frontières.
Laurianne Nomel