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Washington (AFP)
L’arrivée des colons européens en Guadeloupe a provoqué l’extinction de 50% à 70% de la population de serpents et de lézards dans l’archipel, selon une étude parue mercredi.
Au total, 43.000 fossiles de reptiles provenant de six îles ont été étudiés pour ces travaux, publiés dans la revue Science Advances.
“Ce que nous avons trouvé, c’est qu’il y avait une immense biodiversité par le passé, avec de nombreuses espèces dont ne savions pas qu’elles étaient présentes jusqu’ici, et d’autres qui n’ont jamais été décrites auparavant”, a expliqué à l’AFP l’auteur principal de l’étude, Corentin Bochaton, du CNRS et de l’Institut Max-Planck
L’équipe de chercheurs a analysé les restes de 16 groupes d’animaux (taxons) provenant de 31 sites en Guadeloupe.
Ils ont été classés en quatre périodes: le pléistocène supérieur (d’il y a 32.000 à 11.650 ans), l’holocène avant l’arrivée des humains (débutant il y a 11.650 ans), la période de peuplement indigène, et la période moderne.
En datant les ossements et les sédiments autour, les scientifiques ont été capables de reconstruire l’histoire de l’évolution dans cette région, et ont déterminé que l’extinction massive avait eu lieu au cours des 500 dernières années.
Les îles pourraient avoir été habitées pour la première fois par des humains aussi loin qu’il y a 5.000 ans. Christophe Colomb est arrivé en Guadeloupe en 1493, et la colonisation française a commencé en 1635, conduisant à la disparition des populations indigènes qui y vivaient.
Selon les fossiles étudiés, les espèces de reptiles ont été capables de survivre les changements de climat à la fin de la dernière période glaciaire, lorsque la région est devenue plus chaude et plus humide.
“Nous n’avons observé aucune extinction durant la période amérindienne”, a aussi expliqué Corentin Bochaton.
Alors qu’est-ce qui a mené à la disparition d’espèces comme l’iguane à queue courbée, ou le boa Marie-Galante? Selon les chercheurs, les responsables sont notamment les chats, mangoustes, ratons laveurs ou encore les rats apportés par les colons.
Les petits reptiles s’en sont apparemment mieux sortis que les plus gros, ce qui pourrait indiquer les préférences des prédateurs.
Les espèces vivant dans les arbres semblent par ailleurs avoir été moins touchées — ce qui pour Corentin Bochaton est dû au rôle de l’agriculture, détruisant les habitats au sol.
Selon lui, ces recherches montrent l’importance de l’utilisation des fossiles pour évaluer l’impact des humains sur la biodiversité d’une région.
En Guadeloupe, le changement a en effet été si brusque et violent que les naturalistes n’ont pas eu le temps de documenter la faune locale