Le budget de Trump entérine plusieurs promesses de campagne : augmentation des dépenses militaires (+8 %, soit près de 900 milliards de dollars pour l’exercice 2025), financement d’une vaste opération d’expulsions de migrants (près de 25 milliards de dollars alloués à la sécurité aux frontières et à l’immigration), et prolongation de crédits d’impôts pour un total estimé à 4.500 milliards de dollars sur dix ans, dont 1.700 milliards pour les entreprises et les hauts revenus. Mais pour en compenser le coût, la loi réduit sévèrement les aides sociales.
Par exemple, le Medicaid, le programme de santé pour les plus modestes, subira les plus importantes coupes depuis sa création dans les années 1960. Le budget prévoit une réduction de 1.300 milliards de dollars sur dix ans, ce qui pourrait entraîner la perte de couverture médicale pour 15 à 17 millions de personnes selon le Congressional Budget Office (CBO). Les États seront contraints de réduire les prestations ou de restreindre l’accès au programme, touchant principalement les familles à faibles revenus, les enfants et les personnes handicapées. Kevin Hassett, conseiller économique du président, a défendu la mesure sur Fox News : « Cette loi permet de lutter contre le gaspillage, la fraude et les abus. Et elle protège les zones rurales », a-t-il martelé.
D’autres programmes sociaux sont également visés :
– Le Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP, ex-food stamps) verrait son budget réduit de 30 milliards de dollars sur dix ans, affectant environ 5 millions de bénéficiaires.
– Les aides au logement social subiraient une coupe de 18 milliards, menaçant près de 1,2 million de foyers.
– Les crédits pour l’éducation spéciale et les bourses universitaires Pell seraient gelés ou réduits, impactant des centaines de milliers d’étudiants.
L’opposition prépare la riposte pour 2026
Les démocrates dénoncent une redistribution de la richesse vers les plus fortunés : selon l’Institute on Taxation and Economic Policy, près de 60 % des allégements fiscaux bénéficieraient aux 10 % les plus riches. Ils misent sur les répercussions sociales de la loi pour reconquérir la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat. Ils comptent faire de cette réforme un symbole d’injustice économique.
Dans les rangs progressistes, l’indignation est vive. Plusieurs élus démocrates ont déjà annoncé des mobilisations dans les États les plus touchés par les coupes budgétaires, notamment dans le Midwest et le Sud, où le taux de pauvreté dépasse souvent les 15 %. Des campagnes d’information et des rassemblements publics sont prévus pour sensibiliser l’opinion aux conséquences concrètes de la réforme : fermetures de cliniques (environ 2.000 établissements menacés selon l’American Hospital Association), hausse du nombre de non-assurés (qui pourrait dépasser les 40 millions selon certaines projections), et précarisation accrue des familles vulnérables.
De leur côté, les républicains espèrent que la croissance économique générée par les baisses d’impôts suffira à convaincre l’électorat, en particulier les classes moyennes et les entrepreneurs. La Maison Blanche mise sur la discipline budgétaire et la lutte contre la fraude pour justifier ces choix impopulaires, tout en promettant que les coupes n’affecteront pas les seniors ni les vétérans, deux groupes électoraux stratégiques.
À l’approche de 2026, la bataille s’annonce donc féroce. Les démocrates comptent sur la colère sociale pour mobiliser leur base, tandis que les républicains brandissent la promesse d’un « retour à la prospérité » pour conserver leur majorité. Le sort de dizaines de millions d’Américains dépendra, une fois de plus, des urnes.
Gérard Dorwling-Carter-