Le vaccin Pfizer-BioNTech dans les mains d’une laborantine, 4 décembre 2020 | Yui Mok / POOL / AFP


C’est la première fois dans l’histoire de la science qu’un vaccin est produit aussi rapidement.
Repéré par Nina Pareja pour Slate

Tout commence début janvier 2020 alors qu’une petite boîte métallique adressée au professeur Zhang Yongzhen est livrée à la clinique publique de Shanghai. À l’intérieur se trouve des prélèvements réalisés sur des patient·es qui souffrent d’une étrange maladie respiratoire dans la ville de Wuhan. Avec son équipe, ils découvrent en quarante-huit heures son ARN, le code génétique de 28.000 lettres de ce nouveau coronavirus. Les résultats sont immédiatement partagés au reste du monde sur le site virological.org.

 

C’est grâce à cette découverte que d’autres scientifiques parviennent, pour la première fois de l’histoire, à établir un vaccin en moins d’un an. Comme l’explique le professeur Stephen Griffin de l’université de Leeds au Guardian, c’est aussi un signe d’espoir puisque cela établit «un nouveau standard de ce qui peut être accompli quand on fournit suffisamment de ressources à la science et qu’on concentre ses efforts sur la santé mondiale».

Ce séquençage ARN du SARS-CoV-2 permet d’identifier une protéine à pointes responsable de la propagation du virus dans le corps humain. Les chercheurs et chercheuses partent alors du principe qu’en renforçant suffisamment le système immunitaire d’une personne pour empêcher cette protéine de pénétrer dans ses cellules, la propagation du virus peut être stoppée. Pour cela, il faut trouver le moyen de forcer l’organisme à produire des anticorps capables d’attaquer cette fameuse protéine.

Depuis 2008, BioNTech crée des vaccins basés sur les séquences ARN des maladies et adaptables à chacune de celles-ci. Pour les scientifiques de BioNTech épaulé par Pfizer comme pour ceux de Moderna, la création du vaccin fut rapide.

Grâce à une technologie de synthèse chimique simple mais novatrice, le vaccin permet à l’humain de produire les anticorps nécessaires à la lutte contre cette protéine à pointes du virus.

À Oxford, une autre approche a été choisie. L’équipe de scientifiques guidée par la professeure Sarah Gilbert se prépare à la création de nouveaux vaccins depuis l’épidémie d’Ébola de 2014-2016. Ils et elles ont créé un virus simple qui ne déclenche pas d’infection mais permet de booster le système immunitaire des individus, le code génétique de celui-ci est adaptable à différent virus, il suffit pour cela de disposer de son ARN. Accompagné par le groupe pharmaceutique AstraZeneca, la vaccin est entré très rapidement en phase de test. 200 vaccins sont toujours dans cette phase ailleurs dans le monde.

Évidemment, il reste des zones d’ombres: ces vaccins sont censés protéger du développement sévère de la maladie chez les individus mais empêcheront-ils de transmettre le virus? Dans les phases de test du vaccin développé à Oxford, la charge virale présente dans le nez et la gorge des vacciné·es étaient inférieure à celle de l’équipe ayant reçu des placebos. Par ailleurs, combien de temps seront-ils efficaces?

La plupart des scientifiques interrogés par le Guardian n’espéraient pas un taux d’efficacité si élevé, plutôt 50% que 90%, et restent optimistes quant à la suite de cette aventure vaccinale.

 

 

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