Le conservatoire botanique a pour mission de répertorier et préserver la flore indigène de la Martinique. A renfort de pédagogie et de sensibilisation, l’institution souhaite éduquer la population sur la végétation originelle de l’île.
Madinina, l’île aux fleurs. Un slogan qui fait mouche. On pense aussitôt à la Martinique, que ce soit aux yeux des visiteurs qu’aux yeux des locaux. Mais il y a anguille sous roche. Hibiscus, héliconia, rose de porcelaine, bougainvillier, alamanda, la carte postale chatoyante ne serait-elle que mensonge ? La multiplicité de cette flore généreuse locale ne serait qu’un doux mythe ? Presque. Sans tomber dans le total drama, la flore indigène n’a rien à voir avec ce que nous vendent les cartes postales. Le conservatoire botanique met la puce à l’oreille. Et casse le mythe. La flore autochtone martiniquaise n’en demeure pas pour autant moins riche. Elle recèle de trésors assure le conservatoire qui se délecte de les faire découvrir. Jeudi, c’est à travers une visite atelier que les participants ont pu découvrir les serres confidentielles du conservatoire. Confidentielles, en effet car elles détiennent des plantes devenues rares menacées d’extinction et qu’on ne retrouve pour certaines plus dans la nature. Parmi les visiteurs du jour, de véritables botanistes en herbe. Même pour eux, il est difficile de démêler le natif de l’importé.
Le rôle du conservatoire botanique est clair : identifier les espèces présentes dans l’île, toutes les espèces indigènes « celles qui sont venues coloniser l’île de manière naturelle », précise Stéphanie Saint-Aimé, chargée de communication. Le conservatoire n’est que modérément intéressé par ce qui a apporté par l’Homme. Pour ce faire, l’institution se base sur le travail des tout premiers botanistes européens débarqués en Martinique au XVIe siècle. Fruit à pain, canne à sucre, banane sont des plantes inextricablement liées à l’Histoire de la Martinique, aujourd’hui indissociables de l’île. Toutes trois sont venues par la main de l’Homme.
Une fois que le conservatoire parvient à faire le tri, il identifie selon leur redondance, les espèces rares, menacées, assez rares ou communes. Pour celles qui tombent dans les espèces communes, le conservatoire les valorise en proposant ces espèces indigènes aux pépinières. « On passe à côté de nos belles espèces indigènes », regrette Stéphanie Saint-Aimé.
Hebecarpa ovata. Plus connue sous le nom d’Estrée de Saint-Pierre fait partie de cette flore indigène à sauver, classée en danger critique d’extinction. Introuvable dans la nature, elle est jalousement préservée dans les serres du conservatoire botanique.
La visite se conclut par un atelier. Les jardiniers amateurs se frottent les mains, ils vont enfin pouvoir les mettre dans la terre. La plante star de l’atelier, c’est le ti tin won. Une variété de thym que l’on retrouve sur les sols rocailleux aux bords des cours d’eau.
La pédagogie et la vulgarisation sont les outils principaux du conservatoire à destination du grand public comme les professionnels. Par exemple, avec les communes partenaires, l’institution forme les personnels attachés aux espaces verts. Un atlas de la biodiversité sera bientôt à la disposition des maires de l’île. Un des objectifs du conservatoire est de maintenir les espèces en danger le plus possible dans leur milieu naturel, in situ. « Quand on arrive à l’ex situ, c’est que l’on est en dernier recours. Le conservatoire est le dernier rempart avant que l’espèce ne disparaisse », explique la chargée de communication.
Laurianne Nomel
Dans le cadre de la Belle Saison des Conservatoires Botaniques Nationaux, le Conservatoire Botanique National de Martinique organise une Journée Portes Ouvertes, le mercredi 11 juin à 11 h 30 ou 14h30 sur inscription (community@cbmartinique.org), dans ses locaux situés à l’ancienne école, 30 rue des Écoles, Debriant, Fort-de-France.
Cette rencontre sera l’opportunité de découvrir ses missions en faveur de la connaissance, de la préservation et de la valorisation de la flore indigène de la Martinique, ainsi que de mieux comprendre les enjeux liés à la conservation végétale.
Le Conservatoire botanique national de Martinique lance également l’exposition : « Au cœur de nos forêts de rivière… TRÉSORS DE MARTINIQUE ». Cette exposition inédite, présentée dans le cadre de La Belle Saison des CBN-2025, met en lumière les plantes rares et menacées qui peuplent les ripisylves de Martinique — ces forêts en bord de rivière, à la biodiversité aussi fragile que méconnue. Vernissage grand public, le samedi 7 juin, à 10 heures : ouverture (10h45 projection du court métrage, suivie d’un temps d’échange autour du projet) au musée du Père Pinchon – Fort-de-France.