Après le séisme de Kobe, en 1995, la reconstruction avait dopé la croissance japonaise pendant deux ans. Problème, la situation budgétaire de l’Archipel est beaucoup moins favorable.

Infrastructures de transports endommagées, électricité rationnée, usines à l’arrêt… les destructions provoquées par le tremblement de terre et le tsunami sont colossales.

La facture du tremblement de terre et du Tsunami ne cesse d’ailleurs d’être réévaluée pour atteindre 171 milliards d’euros, selon Credit Suisse. De quoi plomber davantage une croissance économique négative depuis la fin de l’année dernière.

Bon nombre d’économistes se montrent pourtant optimistes à moyen terme. Dressant un parallèle avec le séisme de Kobe de 1995, ils soulignent que la reconstruction devrait générer un surcroît d’activité et d’investissement, tandis que le besoin de la population de renouveler ses biens endommagés pourrait doper la consommation. Les secteurs du BTP, de la sidérurgie et des télécommunications devraient bénéficier à plein du regain de l’activité post séisme. « Ce tremblement de terre pourrait s’avérer un choc salutaire pour une économie japonaise qui ne parvient pas à sortir de la déflation », commente même Philippe Waechter, directeur des études économiques de Natixis Asset Management.

En effet, après le tremblement de terre de 1995, le PIB japonais avait augmenté de 1,9% la même année, puis de 2,6% en 1996, alors que la croissance moyenne de l’économie nippone depuis vingt ans n’est que de 1,5%. De même, la consommation avait bondi de 2,7% entre 1995 et 1996 contre 0,3% entre 1990 et 2010.

Mais une telle reprise n’aurait pas été possible sans l’intervention massive du gouvernement de l’époque qui avait débloqué une enveloppe budgétaire représentant près de 3% du PIB. Reste donc à savoir si le gouvernement actuel a les moyens de financer un plan équivalent. L’archipel affiche en effet une dette de 210% du PIB contre à peine 100% en 1995. Et le Japon se trouve désormais dans le collimateur des marchés. Depuis l’automne dernier, les taux d’intérêt des obligations à 10 ans est passé de 0,9% à 1,3%. Et Standard and Poor’s a dégradé la note de la dette du Japon en janvier.

Heureusement, les agences de notation semblent vouloir accorder un répit aux autorités. Moody’s juge ainsi “temporaire” l’impact de la catastrophe sur les finances nippones. Et elle estime que le Japon, dont l’économie pèse 6.000 milliards de dollars, soit “les économies allemande et italienne réunies”, a la “capacité d’absorber le choc dans le temps. En général, les économies riches ont prouvé qu’elles étaient en mesure de faire face à des catastrophes naturelles”, relève-t-elle.

Au crédit du Japon, également, le fait que 95% des bons du Trésor sont détenus par des investisseurs japonais, ce qui réduit les risques de faillite de l’Etat. Et que la balance des paiements est structurellement excédentaire.

Moody’s met enfin en avant l’arme monétaire. La Banque centrale japonaise l’a de fait tout de suite actionnée en versant 480 millions d’euros à treize établissements financiers implantés dans les régions la plus sinistrées. Elle a également injecté un montant record de 15.000 milliards de yens – 132 milliards d’euros – dans le système financier. Suffisant pour ramener un peu de calme sur la bourse qui a dévissé de 6,18% lundi? Peut-être. Quant à relancer l’économie à elle seule, c’est une autre histoire. La planche à billet a déjà montré ses limites, les Japonais préférant l’épargne à la dépense. Mais il est vrai que les circonstances sont suffisamment exceptionnelles pour les amener à puiser dans leur bas de laine.

Par Elodie Grangié – publié le 14/03/2011 à 16:02 – Source l’expansion.com

viaLe Japon a-t-il les moyens de rebondir ? – LExpansion.com.

Découvrez sur ce site une vidéo sur ce sujet :

La Catastrophe au Japon va t\’elle affecter l\’économie ?

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version