En novembre 2024, Aurélien Adam atterrit pour la première fois en Martinique. L’île bouillonne alors sous les manifestations contre la vie chère. Le haut fonctionnaire de 46 ans mesure alors l’ampleur du travail à accomplir en tant que secrétaire général de la préfecture, secrétaire général pour les affaires régionales et sous préfet de l’arrondissement de Fort-de-France.
Nous sommes le 10 octobre 2024. La Martinique s’embrase. En marge des manifestations contre la vie chère, la tension atteint son paroxysme. Des commerces sont pillés, des voitures sont brulées et des barrages érigés. La Martinique fait la une des journaux dans l’Hexagone. C’est à cette même date qu’Aurélien Adam apprend sa nouvelle affectation. La Martinique. C’est donc dans un contexte particulièrement épineux que le haut fonctionnaire va faire ses débuts dans le territoire. Lui qui, auparavant, n’avait jamais mis les pieds en Martinique se met à glaner toutes les informations possibles sur l’île. Volontaire pour une mobilité vers l’Outre-mer, il prend son poste de secrétaire général de la préfecture, de secrétaire général pour les affaires régionales et de sous préfet de l’arrondissement de Fort-de-France le 18 novembre.
Son rôle est d’assurer le fonctionnement de la préfecture dans la partie moyen, ressources humaines pour l’ensemble de la préfecture. Il gère également dans la règlementation en général, le droit des élections, l’accueil des étrangers, le droit des collectivités territoriales.
« Ce sera pas un parcours semé de pétales de rose »
Quant à sa nouvelle affectation dans l’île aux fleurs, Aurélien Adam bien qu’enthousiaste se rend compte du travail qui l’attend. « J’étais à la fois très content car cela correspondait à mon souhait professionnel, dit le quadragénaire. Toutefois, j’ai mesuré l’ampleur du travail à venir. Ce ne sera pas un parcours semé de pétales de rose.» Le haut fonctionnaire sait qu’il dispose d’environ un mois entre le moment où il apprend sa destination et le départ effectif. « J’ai commencé à lire la presse locale, à chercher des informations. » Il va jusqu’à se renseigner dans les guides touristiques. En poste, il continue à enrichir sa culture locale. Il confie être en pleine lecture d’un livre sur l’Histoire des Antilles. Titulaire d’une maîtrise en histoire contemporaine, il se passionne pour la matière depuis tout petit. « C’est une habitude de compréhension qui permet de mesurer les enjeux d’un territoire. »
Avant de cumuler les casquettes en Martinique, Aurélien Adam est en poste à l’administration centrale du ministère de l’Intérieur. Mais travailler en région le titille. « J’avais vraiment envie de retourner dans le réseau territorial. J’avais été directeur de cabinet du préfet du Finistère auparavant. J’avais envie d’une expérience Outre-mer », explique le secrétaire général. Cette expérience Outre-mer, c’est dans les locaux de la préfecture à Fort-de-France qu’il va la vivre. « J’ai tout à découvrir. Quand on vient dans un territoire, ce n’est pas juste pour inaugurer des investissements nouveaux. Dans la modeste mesure de nos moyens, nous venons pour essayer de régler des difficultés, de faire se parler les acteurs locaux. C’est l’un des fondements du travail que l’on fait. » Il précise : « Ce qui fait le sel du travail que nous effectuons au quotidien est de faire en sorte que tout le monde puisse travailler dans de bonnes conditions. C’est une partie du métier qui est difficilement perceptible mais qui reste importante. »
Amateur de course à pied et de gastronomie
Parmi les priorités identifiées, Aurélien Adam évoque la lutte contre la pauvreté et l’habitat insalubre. Mais celle qui est dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres, c’est la préoccupation de la cherté de la vie. Un fait qui est incontestablement reconnu par le tout nouveau secrétaire général. Des outils étaient déjà mis en place avant l’intensification des manifestations telles que le Bouclier qualité prix (BQP) établi après les événements de 2009. Alors qu’il est encore appliqué dans la grande distribution, ce dispositif reste largement opaque et méconnu des consommateurs locaux. Il a été mis en place pour lutter contre la vie chère prévu par l’article L.410-5 du code de commerce. Son objectif est de permettre aux Martiniquais d’accéder à une liste de produits de consommation courante à prix modérés de qualité. Concernant le manque de visibilité du BQP, le secrétaire général concède que l’Etat a pêché par manque de communication envers les consommateurs.
La fonction publique est pour le natif de Bourgogne une vocation. Très tôt, il oriente son cursus en prévision d’un parcours professionnel au service de l’Etat. Il est un ancien élève de l’Institut d’études politiques de Paris. « C’est à ce moment que je me tourne vers le service public et puis, j’ai commencé ma carrière au ministère des Finances puis j’ai intégré l’Ecole nationale d’administration.»
Sportif particulièrement amateur de course à pied, il n’a pas encore pu s’adonner à son exercice physique favori, en cause un emploi du temps chargé. « Les journées commencent plus tôt en Martinique mais elles ne se finissent pas plus tôt que dans l’Hexagone », sourit il. Le quadragénaire se distingue derrière les fourneaux : « Je ne suis pas bricoleur du tout mais la cuisine est une activité manuelle qui permet de se détendre. » D’ailleurs, la première chose qu’il a faite en arrivant dans l’île a été de se renseigner sur la gastronomie locale confie Aurélien Adam.
Directeur du cabinet du préfet du Finistère, assistant parlementaire, inspecteur du Trésor public, à 46 ans, le secrétaire général avait déjà occupé une dizaine de poste avant de venir travailler en Martinique. « Alterner dans un poste dans un service déconcentré comme ici et un poste à Paris permet à ces différents types de postes de se nourrir les uns les autres. Il faut être ouvert au changement et accepter d’écouter tout le monde.» Par exemple, en tant que gestionnaire du budget de la préfecture et gestionnaire de toutes les dotations financières, son expérience au ministère des Finances s’avère précieuse. « Ce sont des questions qui me sont familières et dans lesquelles je n’hésite pas à me plonger. »
La prochaine échéance pour le secrétaire général approche à grand pas. La Martinique aura un nouveau préfet à partir du 10 février.
Laurianne Nomel