Illustration : La ‘Ndrangheta, excommuniée par le pape François en 2014, se sert du symbole de la Vierge Marie pour s’acheter une respectabilité religieuse et sociale. | Marcello Paternostro / AFP


Repéré sur The Guardian


C’est une «spiritualité déviante» contre laquelle le pape François lutte déjà depuis quelques années. En juillet 2014, des membres de la mafia calabraise avaient organisé une procession religieuse dans les rues d’Oppido Mamertina. Arrivés devant la résidence de Giuseppe Mazzagatti, l’un des chefs locaux de la ‘Ndrangheta, le cortège avait fait s’incliner une statue géante à l’effigie de la Vierge Marie, en signe de reconnaissance et d’allégeance à la mafia.


L’événement avait alors déclenché un scandale, et l’évêque du diocèse d’Oppido Mamertina-Palmi avait interdit les processions religieuses dans la ville. Quelques mois plus tôt, le pape François avait lui-même publiquement condamné la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, à la suite d’un crime sordide. Il avait alors déclaré: «La ‘Ndrangheta représente l’adoration du mal et le mépris du bien commun… Ils sont excommuniés.»

 

Renouer avec la théologie mariale

Si la peine canonique n’a pas suffi à mettre un terme à l’utilisation par la mafia du symbole de Marie comme caution de piété, le Vatican est désormais décidé à monter une contre-offensive théologique. Avec le soutien du pape, l’Académie pontificale mariale internationale (PAMI), un institut spécifiquement dédiée à la mariologie, a ouvert un nouveau département intitulé «Libérer Marie de la mafia et des puissances criminelles».

Le but de la manœuvre, selon le père Stefano Cecchin, président de l’Académie, est de diffuser la «véritable théologie de Marie», afin que les fidèles puissent distinguer les actes de vénération des simulacres de piété organisés par la mafia ou des autorités corrompues.

Approuvant par lettre ce projet présenté à l’automne, le pape François a ainsi déclaré: «Que les nombreux dévots de la Vierge adoptent des attitudes qui excluent une religiosité malavisée et répondent plutôt à une religiosité correctement comprise et vécue. Il est nécessaire que le style des manifestations mariales soit conforme au message de l’Évangile et aux enseignements de l’Église.»

Corruption ecclésiastique

Le culte marial, qui donne lieu à de nombreuses processions spectaculaires en Italie, est intégré depuis longtemps dans la culture catholique populaire. La culture mafieuse a quant à elle copieusement repris ce symbole à son compte, qui lui permet de s’acheter un fort crédit social auprès des communautés locales. L’argent du crime organisé contribue d’ailleurs à financer de multiples manifestations religieuses, avec la complicité de certains prêtres.

«Dans le système de la mafia, la figure de Marie est devenue celle d’un être humain qui doit être soumis, donc esclave, et qui doit accepter la volonté de Dieu, la volonté des patrons, la volonté du chef de la mafia», affirme Stefano Cecchin. Le groupe de travail qu’il en train de monter et dont les travaux devraient débuter en octobre comprend, en plus des théologiens de l’Académie, des policiers, des juges et des experts en matière de lutte contre le racket.

 

 

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version