Carton, papier, plastique. Quel matériau pour quelle couleur ? La poubelle grise, jaune ou verte ? Le tri des ordures peut virer au casse-tête. Citeo est une entreprise créée par les entreprises de la grande distribution et de la grande consommation. L’expertise de Citeo leur permet de réduire l’impact environnemental des emballages. Il en va de même pour les consommateurs : sensibilisation et mise à disposition des équipements de tri. D’année en année, en Martinique, ce geste écologique pas encore ancré dans les habitudes, est pourtant en progression.
Le tri des déchets n’est un domaine d’excellence martiniquaise. Au niveau national, la Martinique fait pâle figure à côté des autres régions françaises. Peut-être plus pour longtemps, car il est toutefois essentiel de noter que le territoire est en large progrès. En 2023, les Martiniquais ont trié en moyenne près de 25 kg d’emballages ménagers et papiers chacun, soit une augmentation de 9% par rapport 2022. Les chiffres sont là pour le confirmer. Il y a eu une progression du geste de tri d’emballages ménagers papier.
« C’est un signal très fort parce qui vient récompenser l’investissement qui est fait aussi bien par les collectivités locales et par Citeo qui les accompagne »,
explique Nicolas Moulin, responsable territorial Outre-mer chez Citeo. Les trois communautés de communes de la Martinique ont joué le jeu du tri en améliorant leurs dispositifs de collecte sélective. Des bacs de tri supplémentaires ont été mis à la disposition de la population. « Quand on met à disposition des habitants des dispositifs de tri, cela signifie qu’on arrive à les inciter à faire davantage de tri », précise le responsable Outre-mer.
Des investissements qui ne sont pas vains
Cette multiplication des points de collecte est accompagnée par des campagnes de sensibilisation. Citeo et les collectivités emploient toute leur pédagogie pour améliorer le réflexe du tri. Ce n’est pas vain puisque « cela se traduit par des augmentations assez importantes des tonnes d’emballages ménagers et de papier ». Des progrès constants certes, mais bien loin de la moyenne nationale. Ici, la moyenne par habitant s’élève à 25 kg. On passe du simple au double au niveau hexagonal où la moyenne par habitant atteint 58 kg.
« Il y a toujours un écart de performance de collecte de tri dans l’Hexagone et de la Martinique »,
complète Nicolas Moulin. Plusieurs facteurs entrent en jeu.
Dès la fin des années 1990, il était possible en France hexagonale de trier. Trente ans durant lesquels les usagers hexagonaux ont pu acquérir l’habitude de ce geste écolo. Les dispositifs sont arrivés plus tardivement en Martinique. « Cela montre que l’on a du travail pour améliorer les dispositifs techniques et la sensibilisation pour continuer à faire progresser les chiffres. » Nicolas Moulin souhaite souligner les progrès constants qui se traduisent en chiffre. « Cela indique une dynamique très intéressante. » L’équipement et la sensibilisation sont au centre de la politique de Citeo pour renforcer le geste de tri.
« Il y a de plus en plus de filières qui vont se développer dans le domaine de la valorisation des déchets ».
Là où le bât blesse, et ce n’est pas qu’en Martinique, c’est le tri à la source des biodéchets. Depuis le 1er janvier, c’est une mesure supposée s’appliquer en France et dans le reste de l’Europe. Les collectivités doivent mettre à disposition des solutions de tri de biodéchets selon la loi antigaspillage du 10 février 2020. « Il y a de plus en plus de filières qui vont se développer prochainement sur les territoires. On parle des biodéchets, demain, ce sera par exemple le renforcement du nombre de déchèteries. Il faut bien aiguiller l’habitant en fonction de la consigne de tri vers la bonne filière. »
L’objectif est de mettre en place une économie circulaire vertueuse
En Martinique, le rôle de Citeo est d’accompagner les entreprises qui mettent sur le marché des emballages à limiter l’impact sur l’environnement. Cet accompagnement ne s’arrête pas aux entreprises. Citeo travaille de concert avec les collectivités locales qui ont la compétence collecte des déchets. Dans ce domaine, l’accompagnement est financier auprès de la Cacem, de l’Espace sud et de Cap nord. « Par exemple, on va acheter des bornes de tri pour les rétrocéder aux collectivités locales. Nous mettons en place des opérations de communication. » Citeo a accompagné les collectivités locales de La Martinique en finançant 340 bornes soit 150 bornes pour le tri des emballages en verre et 190 bornes pour le tri des emballages légers et papiers à hauteur de près d’un million d’euros.
Citeo va également intervenir ponctuellement sur des évènements de grande ampleur comme lors du Tour des yoles, du carnaval ou dans des salons professionnels tels que Valora. « L’objectif est de voir comment nous pouvons, en multipliant les canaux de communication, sensibiliser au mieux la population. »
D’après Nicolas Moulin, dans la catégorie des gestes verts favorables à l’environnement, on retrouvera courant 2026 l’extension des consignes de prix à tous les emballages. « Aujourd’hui, au regard des consignes de tri qui sont en vigueur sur la Martinique sur les plastiques, on ne demande que de trier les bouteilles et les flacons. L’objectif de demain, c’est que l’on puisse demander aux habitants de la Martinique de pouvoir mettre tous les emballages en papier, les pots, les barquettes dans leur bac jaune afin que ces matériaux puissent être triés et valorisés. » Selon Nicolas Moulin, le tri est souvent trop perçu comme un geste contraint et parfois confusionnant. Poubelle jaune, verte, bleue ou grise, cette valse de couleurs perd les usagers. C’est sur ce point que le tri va se pencher : la simplification du message.
Des habitudes avant tri peuvent être adoptées telles que la consigne. Une piste envisagée par Citeo pour la Martinique. « Il y a des réflexions qui seront lancées pour le territoire. En mettant différents acteurs autour de la table, comment on pourrait créer une boucle vertueuse autour le réemploi pour limiter l’utilisation de l’emballage à usage unique. » Citeo vise un objectif vertueux d’économie circulaire.
Laurianne Nomel