En Martinique, les aides sociales et les investissements dans le secteur de la santé jouent un rôle crucial pour la population. Le fort taux de chômage et une précarité généralisée font que l’île dépend d’une solidarité nationale et de dispositifs visant à réduire les inégalités et prévenir une crise sociale majeure. Par ailleurs, l’importance accordée au budget de la santé témoigne des efforts constants pour améliorer les infrastructures et répondre aux besoins sanitaires locaux.
Les aides sociales : un pilier pour les foyers martiniquais
Environ 57 % des Martiniquais bénéficient d’au moins une prestation de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), révélant une forte dépendance aux dispositifs sociaux. Ces aides couvrent des domaines variés comme la famille, le logement et l’insertion sociale, pour tenter de compenser une précarité endémique.
Les allocations familiales, versées dès le premier enfant (24,71 € par mois), bénéficient d’un complément pour les enfants de 3 à 5 ans. Concernant le logement, l’Aide Personnalisée au Logement (APL) réduit les charges locatives des foyers modestes, tandis que le Logement Évolutif Social (LES), spécifique aux DOM, facilite l’accès au logement.
Le Revenu de Solidarité Active (RSA) est essentiel pour 34 % des foyers martiniquais. En 2025, environ 27 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, soit près de deux fois plus qu’en France. En complément, le Revenu de Solidarité, réservé aux 55-65 ans sans activité professionnelle, a été revalorisé à 598,73 € par mois en 2024. Des aides spécifiques comme l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) ou l’Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé (AEEH) visent à renforcer l’inclusion sociale.
En 2021, les aides sociales représentaient 682,4 millions d’euros, répartis entre aides familiales (40 %), aides à l’insertion (33 %) et aides au logement (20 %). Pour 34 % des foyers bénéficiaires, ces prestations constituent plus de la moitié de leurs revenus, soulignant leur rôle vital dans la survie économique des familles.
Un engagement sanitaire marqué par des investissements stratégiques
La santé est également une priorité. En 2025, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) a consacré 34 % de son budget total, soit environ 495 millions d’euros, aux dépenses de santé, d’aide sociale et de prévention. En 2021, le soutien du gouvernement français s’est élevé à 448 millions d’euros, répartis entre la restauration des capacités financières des établissements de santé (75 millions), des projets immobiliers comme la reconstruction de l’hôpital de Trinité (364 millions), et des investissements courants (9 millions).
En 2022, les dépenses de santé ont atteint 1,4 milliard d’euros, marquant une hausse de 4,6 % par rapport à l’année précédente. Avec une dépense moyenne de 4 062 € par habitant, supérieure de 17,5 % à la moyenne nationale, les besoins spécifiques liés à l’insularité restent significatifs.
Modernisation des infrastructures et défis structurels
En 2023, la CTM a adopté un budget de 1,758 milliard d’euros, incluant un programme ambitieux de modernisation. Parmi les initiatives phares : la création de l’Institut Caribéen d’Imagerie Nucléaire, la rénovation de l’hôpital de Trinité et la mise en place d’un Centre Territorial de Promotion de la Santé.
Par ailleurs, l’entretien du réseau routier, crucial pour compenser les carences des transports publics, a mobilisé des moyens limités, malgré des besoins croissants liés à la dégradation des routes et au changement climatique. En 2025, des travaux récents liés à des barrages routiers ont été estimés à 2 millions d’euros.
Le secteur éducatif n’est pas en reste. En 2024, la CTM a investi 41 millions d’euros pour la rénovation et l’entretien des établissements scolaires, l’amélioration énergétique et le renforcement parasismique.
Une masse salariale publique dominante
En 2025, la masse salariale des fonctionnaires martiniquais était estimée à 533,6 millions d’euros par an, incluant les majorations de 40 % appliquées dans les DOM. Ce système, bien que stabilisateur pour l’économie locale, illustre les difficultés d’instaurer un modèle économique plus autonome. En comparaison, la masse salariale du secteur privé s’élevait à 681 millions d’euros en 2022.
Vers une autonomie socio-économique
Les défis auxquels la Martinique est confrontée, qu’il s’agisse de précarité, de chômage ou d’infrastructures insuffisantes, illustrent une dépendance structurelle à la solidarité nationale. Toutefois, réduire cette dépendance est essentiel pour construire une île économiquement et socialement autonome.
La valorisation des savoir-faire locaux, le développement de secteurs porteurs (agriculture durable, tourisme écoresponsable, énergies renouvelables) et une fiscalité adaptée sont des solutions possibles. Une gestion optimisée des ressources naturelles et une transition écologique pourraient également réduire les coûts liés aux importations.
Enfin, une gouvernance plus transparente et proche des citoyens, combinée à des investissements stratégiques, pourrait transformer les défis actuels en opportunités, et ouvrir la voie vers une Martinique résiliente et autosuffisante.
Gérard Dorwling-Carter.