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    Home » Les êtres humains ont des couleurs de peau différentes mais ne sont pas ces couleurs de peau », (Jeanne Wiltord, psychiatre – Martinique)
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    Les êtres humains ont des couleurs de peau différentes mais ne sont pas ces couleurs de peau”, (Jeanne Wiltord, psychiatre – Martinique)

    mai 16, 2021Aucun commentaire
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    Jeanne Wiltord intervenant au Cénacle du Festival culturel de Fort-de-France en juillet 2020. • ©memoiresetpartages.com

    Francein

    Médecin psychiatre et psychanalyste, la Martiniquaise Jeanne Wiltord exerce actuellement à Paris. Son dernier livre s’intitule “Mais qu’est-ce que c’est donc un Noir ? Essai psychanalytique sur les conséquences de la colonisation aux Antilles”. Interview.

    Philippe Triay •

    Née à la Martinique, Jeanne Wiltord est docteur en psychiatrie et psychanalyste. Membre de l’Association lacanienne internationale, ses recherches portent notamment sur les questions de la langue créole aux Antilles et du bilinguisme, de l’esclavage, de la colonisation, du racisme, et des dynamiques post-coloniales. Certains de ses travaux sont disponibles ici.  

    Le titre de votre ouvrage « Mais qu’est-ce que c’est donc un Noir ? », phrase tirée d’un livre de l’écrivain français Jean Genet, n’est pas sans interpeller le lecteur. Pourquoi ce choix ?
    Jeanne Wiltord :
    La nomination des êtres humains par la couleur « imaginirisée » de leur peau (les Noirs /les Blancs), c’est à dire à partir d’un élément visible de leur corps est devenue banale. Elle a commencé avec la colonisation européenne où les esclaves étaient tous déportés d’Afrique subsaharienne et les colons venaient d’Europe. Cette nomination fait prévaloir ce qui se voit des humains et escamote ce qui les spécifie : les êtres humains parlent. Ils ont des couleurs de peau différentes mais ils ne sont pas ces couleurs de peau.

    La pratique de la psychanalyse avec vos patients vous a amenée à une importante réflexion sur la parole, notamment « la perversion coloniale du langage », comme vous l’écrivez. Qu’est-ce que cela signifie ?

    Parler n’est ni simple ni naturel. Pour parler, c’est- à -dire pour participer à l’espèce humaine, nous devons consentir à nous soumettre aux lois de la structure symbolique du langage. Symbolique c’est à dire que la structure du langage impose aux humains une perte, un renoncement à certaines satisfactions immédiates. Parce qu’ils parlent, les humains ont accès à des satisfactions nouvelles, spécifiques, qui vont leur permettre d’avoir avec les autres un lien social fondé par un pacte symbolique et non sur la violence physique, une sexualité organisée par un désir. Un désir n’est pas un instinct, ce n’est pas un rut qui marque la sexualité́ des animaux.

    La colonisation esclavagiste qui a donné naissance aux sociétés antillaises est l’une des situations où la violence faite aux corps, aux supports symboliques nécessaires aux humains – langue, dieux, noms, modalités d’inscription dans une filiation ; la nomination à partir d’un élément visible du corps, ont eu des conséquences sur le fonctionnement symbolique et humanisant de la parole.  Ces conséquences sont repérables : sur la fragilité de l’image de soi ; sur la relation aux autres où le regard est sans cesse présent, ce qui donne une certaine tonalité persécutive aux relations sociales ; sur la difficulté à structurer un raisonnement,  à accepter de traiter les désaccords par la parole, où injures et violences physiques viennent souvent régler les conflits ; à un rapport à la sexualité marqué par la violence, etc…   

    À lire aussi

    “L’invention de la langue créole a sauvé les esclaves d’un état de déshumanisation” (Jeanne Wiltord, psychiatre et psychanalyste)

    D’après votre expérience, considérez-vous qu’il y a une spécificité de l’exercice de la psychanalyse aux Antilles, ou avec des Antillais, au vu du passé de colonisation esclavagiste que vous évoquez et de la question de la langue créole ?

    Je voudrais d’abord souligner que la psychanalyse est une pratique singulière qui s’exerce au cas par cas. Nombre de patientes et de patients originaires des Antilles imaginent que je pourrais mieux comprendre les difficultés qu’ils rencontrent parce que je suis originaire des Antilles. « Vous savez comment c’est chez nous », ou encore parce que « vous comprenez, nous sommes Noirs ». Aux premiers et aux premières je précise qu’au sein d’une  même famille l’expérience de chaque enfant est singulière. Aux deuxièmes, je précise que la couleur de la peau n’intervient pas dans le choix des collègues psychanalystes avec qui je travaille sur les questions concernant les conséquences subjectives de la colonisation esclavagiste et racialisée. Il faut aussi préciser que nombre de collègues, qu’ils soient Antillais ou pas, m’ont dit que la lecture de mon livre les avait éclairés sur certaines difficultés qu’ils rencontraient dans le travail avec des enfants, des femmes et des hommes dont l’histoire individuelle se trouve inscrite dans l’histoire qui a structuré les Antilles.

    Être originaire des Antilles et recevoir des patient(e)s antillais(es) peut engager les psychanalystes dans un registre imaginaire où se confondent les places, ou dans un rejet de toute référence à l’histoire.

    Jeanne Wiltord

    Ceci dit, il y a à repérer la fonction de certains symptômes fréquents, comme certaines positions paranoïaques, qui peuvent masquer certaines difficultés subjectives dont la gravité peut se dévoiler tardivement au cours d’une psychanalyse. À propos de l’usage du créole au cours d’une psychanalyse, ma position a évolué. Je n’insiste plus pour que ce qui est dit dans la famille en créole soit dit en créole au cours d’une psychanalyse qui met en jeu une relation à des pensées inconscientes dont la découverte peut ébranler. Je suis mieux respectueuse des temps de résistance où chaque patient(e) n’arrive pas à articuler de façon consciente la langue créole qu’il parle pourtant dans sa famille ou dans ses relations sociales. Dans le même temps, mon écoute s’est précisée sur certains moments de cures, et ils ne sont pas anodins, où se manifeste cette « traduction » du créole en français et aussi sur la façon dont la structure de la langue créole « travaille » inconsciemment celle de la langue française articulée de façon consciente.

    Vous avez dans votre livre deux chapitres intitulés « Une citoyenneté paradoxale » et « Français par assimilation ». Pour reprendre une expression bien connue, les Antillais seraient-ils « des Français entièrement à part » au lieu de l’être « à part entière » ?

    J’insiste sur la différence entre le discours de la sociologie et celui de la psychanalyse. Si la psychanalyse s’intéresse à des liens collectifs entre humains c’est qu’elle a tiré les conséquences de ce que les humains sont des êtres qui parlent. Cette prise dans la structure symbolique du langage, nécessaire pour s’humaniser, est la condition pour qu’un être humain ait un rapport au désir. Il faut insister sur ce point : la prise dans le langage  impose à chaque petit humain de renoncer aux bénéfices d’un rapport immédiat aux satisfactions. Elle a des conséquences sur la capacité à élaborer une réflexion, sur les relations aux autres, sur les relations à l’autorité et à un idéal, sur les choix  amoureux et les choix sexuels. 

    Une question importante s’impose aux psychanalystes avec le développement des technologies de communication, la mondialisation de l’information et la financiarisation du capitalisme que permettent ces technologies, où la structure du  langage utilisé est de plus en plus appauvrie, l’importance que prennent les images au détriment de la parole et le nouveau rapport eu temps que ces transformations nous imposent. Nous pouvons nous demander si dans un tel monde, les Antillais, comme d’autres, se situent en termes d’identité nationale. Cette mondialisation et l’uniformisation des satisfactions qu’elle cherche à produire, n’est d’ailleurs pas sans conséquences en termes de résurgences des crispations identitaires dont nous constatons les effets.

    ► « Mais qu’est-ce que c’est donc un Noir ? Essai psychanalytique sur les conséquences de la colonisation aux Antilles », par Jeanne Wiltord – Editions des crépuscules, 228 pages, 20 euros.

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