Des violonistes aveuglés et assourdis peuvent nous apprendre beaucoup sur l’humanité. | Samuel Sianipar via Unsplash


Des harmonies qui trouvent des applications en musique, dans les embouteillages, le trading ou les épidémies.

Repéré par Céline Deluzarche sur Ars Technica


An August 2020 study published in Nature Communications uses a model of violin synchronization in a network of violin players, revealing that there are ways to drown out distractions and miscommunications.


Chacun admire la synchronisation parfaite des oiseaux en vol ou l’organisation remarquable des fourmis autour de leur fourmilière. Mais les humains, loin d’être des individualistes forcenés, seraient eux aussi capables de se synchroniser naturellement.

En août dernier, des chercheurs israéliens ont mené une étude étonnante montrant ce phénomène chez des violonistes. Les 16 membres de l’orchestre étaient visuellement isolés et équipés d’un casque suppresseur de bruit, de telle sorte qu’il leur était impossible de se «calquer» sur le rythme des autres musiciens et musiciennes.

Il leur était alors envoyé une série de signaux sonores sur le morceau joué par au moins deux autres violonistes. Plusieurs tests ont été menés, en introduisant un délai de quelques secondes entre le son réel et le signal, ou en faisant varier la période ou le volume.

D’après la théorie, lorsqu’un humain est confronté à des signaux contradictoires (ici, des différences de phase ou de rythme entre les participants), il essaye de trouver un compromis en adoptant une attitude «moyenne». Dans leur expérience, les chercheurs ont au contraire constaté que les violonistes choisissaient d’ignorer délibérément certains signaux qui entravent la synchronisation.

Humanité synchronisée

La capacité de synchronisation humaine est bien connue des scientifiques. Une étude de 2011 a par exemple montré que des traders arbitrant leurs ordres de façon synchronisée (notamment via des messages instantanés) perdaient moins d’argent à la fin de la journée.

Le phénomène a également été observé en psychologie, dans le trafic routier, la prise de décision ou les comportements de groupe. Il donne parfois des effets indésirables: lorsque les passants traversent un pont, ils ajustent instinctivement leur foulée pour correspondre au mouvement de balancement du pont.

Cela génère de petites oscillations latérales du pont qui amplifient le balancement, jusqu’à l’entrée en résonance. Lors de l’inauguration du Millenium Bridge de Londres en l’an 2000, environ 90.000 personnes ont traversé le pont le jour de l’ouverture, et le mouvement de foule a tant fait balancer le pont que celui-ci a dû fermer. Il a ensuite fallu deux ans avant que les ingénieurs ne modifient la construction pour maîtriser cet effet.

Les chercheurs israéliens espèrent eux que leur étude conduira à un meilleur modèle de comportement humain qui pourrait s’appliquer dans de nombreux domaines: diffusion des épidémies, propagation de fausses informations, ou voiture autonome.

La dynamique des réseaux humains pourrait également aider à prédire les résultats de l’intelligence artificielle, qui reste pour l’instant une grosse boîte noire.

La théorie présente toutefois ses limites. Car, bien heureusement, l’homme n’est pas un lemming prêt à se jeter dans le vide pour suivre aveuglément ses congénères. Les grandes découvertes sont le fruit de disruptions avec leur époque et les traders qui gagnent en bourse sont aussi ceux qui jouent contre la tendance du marché

Partager.

Laissez votre commentaireAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Exit mobile version