Synthèse d’une tribune de JM.NOL
L’équation impossible entre crise des finances publiques et fragilités insulaires
L’Outre-mer français, à l’instar de la Martinique et de la Guadeloupe, navigue en eaux troubles, pris dans les tourments d’une crise économique et financière qui s’aggrave. Sur fond d’incertitudes nationales et internationales, ces territoires, déjà marqués par des fragilités structurelles, ressentent avec acuité les contrecoups d’une dette publique devenue vertigineuse et d’une conjoncture défavorable.
Une France au bord du gouffre financier
En moins d’une décennie, la dette publique française a bondi de plus de 1 000 milliards d’euros pour atteindre, fin 2024, le seuil inquiétant de 3 303 milliards d’euros, soit 113,7 % du PIB. Si la crise du Covid et le fameux « quoi qu’il en coûte » ont accéléré cette dérive, le problème dépasse ces circonstances exceptionnelles : la France est aujourd’hui le seul pays d’Europe qui n’a pas réduit sa dette post-pandémie.
Cet endettement excessif a un prix : l’État emprunte chaque année davantage pour rembourser les créanciers, et 2025 ne fera pas exception. Avec un emprunt record de 300 milliards d’euros, ce mécanisme d’endettement perpétuel devient insoutenable. À cela s’ajoute une dette privée—celle des entreprises et des ménages—qui dépasse désormais 4 000 milliards d’euros, reflétant une économie sous perfusion.
Le poids insoutenable sur l’Outre-mer
Dans ce contexte, l’Outre-mer, profondément dépendant des dotations et politiques de l’État, se trouve en première ligne. Ces territoires insulaires, déjà fragiles, subissent de plein fouet les conséquences des restrictions budgétaires nationales.
• Martinique : une économie à bout de souffle
En 2025, l’île entre dans une période de turbulence sans précédent. Les prévisions annoncent un recul du PIB, tandis que les entreprises locales, étranglées par une trésorerie exsangue, peinent à éviter les faillites en cascade. Le budget de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) est au bord de la rupture, contraint par des années de déficits cumulés. Cette situation a mené à des coupes drastiques, notamment dans les structures satellites de la collectivité, limitant leur capacité à répondre aux besoins économiques et sociaux.
• Guadeloupe : une résistance fragile
Si un esprit entrepreneurial persiste, comme en témoigne une légère hausse des créations d’entreprises fin 2024, la tendance reste fragile. Des secteurs clés, tels que la construction et les services aux entreprises, accusent un net ralentissement, rendant l’équilibre économique incertain.
Entre austérité et attentes sociales
Les défis ultramarins révèlent une double contrainte. D’un côté, les territoires doivent s’adapter à un désengagement progressif de l’État, dans un contexte d’austérité budgétaire. De l’autre, les attentes sociales —alimentées par une forte dépendance au modèle social français— ne cessent de croître, exacerbant les tensions locales.
Des réponses locales pour contrer la tempête
Face à cette situation, certaines initiatives émergent pour préserver l’essentiel. En Martinique, la CTM a lancé des dispositifs innovants, comme un fonds de prêts d’honneur à taux zéro et un fonds régional de garantie en partenariat avec Bpifrance. Ces outils financiers visent à stimuler les petites entreprises en leur facilitant l’accès au crédit. Cependant, ces efforts restent insuffisants pour combler les lacunes structurelles de ces économies insulaires.
Un avenir en sursis
À mesure que la France s’enfonce dans une crise de ses finances publiques, l’Outre-mer risque de devenir la victime oubliée de cet engrenage. Les perspectives de relance, pourtant indispensables, demeurent compromises par un manque criant de coordination entre politiques nationales et réalités locales.
Le sort de ces territoires pose une question fondamentale : peut-on continuer à préserver un modèle social généreux au prix d’une dette écrasante, tout en maintenant la cohésion économique et sociale ?
Sans réponses claires ni réformes courageuses, l’Outre-mer s’avance vers une impasse, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour ses habitants et son développement à long terme.
Un commentaire
Pourquoi dépenser autant d’argent pour l’outre mer, nous n’avons plus les moyens ?