L’adoption définitive de la proposition de loi renforçant la lutte contre le narcotrafic marque un tournant dans la politique française de lutte contre les réseaux criminels. Saluée par la sénatrice de Martinique Catherine Conconne, cette loi, portée par les sénateurs Jérôme Durain et Étienne Blanc, dote la justice et les forces de l’ordre d’un arsenal inédit pour faire face à un fléau qui ne cesse de menacer la société, particulièrement dans les territoires ultramarins.
Un arsenal renforcé pour la justice et la police
Fruit d’un compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat, la loi prévoit plusieurs avancées majeures :
– Création du Parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco)** et élargissement des prérogatives de l’Office antistupéfiants (Ofast) et des juridictions interrégionales spécialisées (Jirs), pour une coordination opérationnelle renforcée.
– Facilitation du recours aux techniques spéciales d’enquête (écoutes, sonorisations, captations de données) afin de démanteler plus efficacement les réseaux de trafiquants.
– Gel patrimonial élargi et saisie-confiscation des avoirs criminels, y compris les cryptoactifs, pour tarir les ressources des organisations criminelles.
– Protection accrue des agents publics exposés, avec la création d’une circonstance aggravante en cas de menaces ou violences contre les forces de l’ordre, magistrats ou élus impliqués dans la lutte contre le trafic.
– Durcissement du régime de sécurité en détention pour les trafiquants les plus dangereux, avec la création de quartiers spécifiques pour empêcher la reconstitution de réseaux en prison.
– Renforcement des contrôles douaniers et nouveaux dispositifs pour lutter contre les « points de deal » et dissoudre les groupes liés au trafic.
La loi s’accompagne aussi d’un volet en cours d’examen au Sénat sur la prévention et la prise en charge médicale des addictions.
Des moyens concrets à déployer en Martinique
La réussite de la lutte contre le narcotrafic en Martinique passe par la mobilisation de moyens matériels et humains adaptés à la réalité du terrain :
– Renforcement du contrôle des côtes: La surveillance accrue du littoral, avec le déploiement de patrouilles maritimes et de radars côtiers, permettra de détecter et d’intercepter les embarcations rapides utilisées par les trafiquants pour acheminer la drogue.
– Installation de radars et de dispositifs de surveillance avancés: L’usage de radars, de drones et de caméras thermiques facilitera la détection des mouvements suspects, de jour comme de nuit, sur terre comme en mer.
– Scannerisation des conteneurs au port : L’acquisition et l’utilisation de scanners à haute performance pour inspecter les conteneurs sur le port de Fort-de-France sont indispensables pour repérer les cargaisons dissimulées dans les flux commerciaux légaux.
– Renforcement des effectifs des forces de police et de douane: L’augmentation des moyens humains, la création d’unités spécialisées et la formation continue des agents permettront de mieux lutter contre les réseaux organisés, d’assurer une présence renforcée sur le terrain et de sécuriser les zones sensibles.
– Coopération interservices et internationale: La coordination entre la police, la gendarmerie, les douanes, la marine nationale et les partenaires régionaux, notamment Sainte-Lucie, est essentielle pour partager le renseignement, mener des opérations conjointes et démanteler les filières transfrontalières.
Coopération régionale : Martinique et Sainte-Lucie unies face au fléau
La lutte contre le narcotrafic ne doit pas connaître de frontières. Aussi, le Premier ministre de Sainte-Lucie, Philip J. Pierre, a rencontré le préfet de la Martinique, les chefs des forces de l’ordre et les Forces armées aux Antilles. Cette visite officielle visait à renforcer la coopération en matière de sécurité entre les deux îles, avec un accent particulier sur la lutte contre les trafics transfrontaliers de stupéfiants. Les échanges ont permis de réaffirmer la volonté commune de coordonner les efforts face à une criminalité organisée de plus en plus internationale.
Attaques contre les prisons : la riposte des réseaux criminels
Depuis la mi-avril 2025, une vague d’attaques a visé des prisons et des agents pénitentiaires à travers la France. Revendiquées par un groupe se présentant comme la « Défense des droits des prisonniers français » (DDPF), ces actions – tirs d’armes automatiques, incendies de véhicules, tirs de mortiers, attaques contre les domiciles d’agents – ont choqué l’opinion publique.
L’enquête a conduit à l’interpellation de 25 à 28 personnes, dont plusieurs détenus et membres de réseaux criminels notoires comme la DZ Mafia. Les autorités judiciaires et policières, ainsi que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lient directement ces attaques au narcotrafic. Selon l’enquête, elles seraient une réaction à la nouvelle loi et à la création de quartiers de haute sécurité, qui visent à isoler les trafiquants les plus dangereux et à briser les réseaux en milieu carcéral.
Un message de l’État
Pour les enquêteurs, ces attaques constituent une tentative d’intimidation orchestrée par les narcotrafiquants pour protéger leurs intérêts et faire pression contre le durcissement de la politique pénitentiaire. Mais la réponse de l’État est ferme : la loi « narcotrafic » se veut un signal fort adressé aux réseaux criminels, avec une détermination à démanteler les filières, tarir les flux financiers et protéger les agents publics.
L’adoption de cette loi, le déploiement de moyens technologiques et humains adaptés, et le renforcement de la coopération régionale témoignent de la volonté des autorités françaises et caribéennes de ne pas céder face à la menace du narcotrafic. La bataille sera longue, mais la mobilisation de tous les acteurs – justice, police, élus, société civile – est plus que jamais nécessaire pour défendre l’État de droit et la sécurité des citoyens en Martinique.
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