Les mangroves, ces forêts côtières essentielles pour la biodiversité et la protection contre les effets du changement climatique, sont en danger en Martinique. Malgré leur utilité, elles souffrent de nombreux phénomènes liés aux activités humaines ainsi qu’au changement climatique. Face à cette urgence, des associations locales, comme la SEPANMAR, appellent à des actions concrètes pour préserver ces écosystèmes vitaux avant qu’il ne soit trop tard.
Si vous êtes amateurs de plage, vous avez très certainement l’habitude de passer près de mangrove. Ces forêts, situées à proximité des zones côtières, sont un lieu de rencontre entre l’eau douce des rivières et l’eau salée de la mer. Elles forment un écosystème unique abritant une grande diversité d’espèces animales et végétales. Bien plus qu’un simple habitat d’espèces, les racines enchevêtrées de ces forêts remplissent de nombreuses « missions » très utiles à notre espèce. Stockage du carbone, nurserie, épuration, production de biomasse, stabilisation des sols, protection des côtes, atténuation des effets des tempêtes et des inondations, sont notamment quelques services écosystémiques qui nous sont rendus gratuitement par les mangroves.
Bien qu’il s’agisse d’un milieu indispensable au développement de la faune et de la flore, la mangrove commence toutefois à montrer des signes de faiblesse. Soumises notamment à la pression de l’urbanisation, de la pollution, et des effets du changement climatique, ces forêts côtières sont parfois menacées de disparition. Celles de Martinique n’y échappent pas !
Bien que les mangroves de Martinique ne soient pas pour l’instant gravement affectées, elles restent toutefois sans défense face à ces problématiques. En partie protégées par leur affectation au CELRL (Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres), elles souffrent d’une faible reconnaissance de leur valeur réelle. Vulnérables aux changements climatiques, les mangroves doivent souvent faire face à des phénomènes tels que la montée du niveau de la mer, ainsi qu’à l’augmentation de la fréquence des tempêtes et des cyclones. Seules face à leurs menaces, la faune et la flore des mangroves peinent à se développer, car les conditions de leur survie se dégradent de plus en plus
Face à cette urgence, beaucoup d’associations s’engagent pour lutter pour la préservation des mangroves. “Il est essentiel d’intégrer des mesures réelles de protection globales pour les espaces naturels, en particulier pour les mangroves. Ceci pourrait se traduire par la réalisation d’investissement et l’affectation de moyens, aussi bien humains que financiers ” exprime Jean-Claude Nicolas, président de la SEPANMAR (Société pour l’Etude, la Protection, et l’Aménagement de la Nature à la Martinique). “ Nombreux sont les décideurs politiques qui n’ont pas encore conscience de l’importance qu’ont les milieux naturels. Ceci se manifeste dans des politiques publiques peu ambitieuses en matière de protection et de valorisation de notre environnement naturel. A la simple comparaison du prix du foncier, comment pourrait-il en être autrement ? Il faut cesser de sous-estimer la valeur des mangroves et les protéger, par exemple en les classant en réserves naturelles. ” D’une manière plus large, si nous voulons éviter toute destruction anarchique de nos espaces naturels et des espèces s’y trouvant, il est important de modifier notre vision des choses en leur attribuant une valeur réelle. Valeur que devra être intégrée dans les agrégats de la comptabilité nationale »
Une lutte pour l’habitat des espèces
Les organismes qui défendent les intérêts de ce type de lieu ont parfois des méthodes bien spécifiques, pour le cas de la SEPANMAR, c’est par le biais d’approches pédagogiques. Depuis longtemps, cette association participe à différentes commissions pour défendre les espaces et espèces menacées notamment par les conséquences du changement climatique. Les associations telles que celle-ci n’hésitent pas à faire de la prévention/sensibilisation dans les écoles et mêmes dans les communautés locales martiniquaises. Pour la SEPANMAR, l’idée est d’être constructifs et de trouver des solutions qui concilient la protection de l’environnement et un développement plus harmonieux des activités humaines.
Les militants sont tous d’accord sur un point : il est indispensable d’agir rapidement pour protéger les mangroves, ces écosystèmes vitaux, avant qu’il ne soit trop tard. Remettant en cause la gestion de certaines politiques locales, ils n’hésitent pas à appeler à une intégration plus concrète de la préservation des mangroves, accompagnée de budgets suffisants pour garantir leur défense. Dans le cas de la SEPANMAR, leurs membres plaident pour la création de réserves naturelles, un renforcement des contrôles sur les constructions en zones sensibles, et une gestion écologique plus rigoureuse des zones côtières.
“Il faut insister sur la nécessité de sensibiliser les décideurs et le public sur à l’importance des multiples services écosystémiques fournis par les mangroves, afin de stopper, voire d’inverser le processus de dégradation. En Martinique, il n’est pas trop tard pour y arriver. D’une manière générale, je pense même que la prise en compte des problématiques environnementales sera l’axe majeur de notre développement ; ou, ne sera pas ! ”
, termine le président de l’association.
Thibaut Charles