En période de crise, il est essentiel de faire preuve de discernement et de privilégier l’action constructive à la polémique stérile. C’est pourquoi je partage pleinement les propos de Jean-Yves Bonnaire, qui appelle à une gestion de crise responsable, lucide et respectueuse des acteurs engagés sur le terrain. Dans son post, il met en lumière une réalité souvent oubliée : les critiques intempestives et les jugements à chaud ne servent qu’à détourner l’attention des priorités essentielles.
Avec pertinence, il rappelle que la gestion de l’urgence requiert un soutien collectif, une compréhension des spécificités locales et une vision à long terme. Ce message est très important, particulièrement dans le contexte actuel à Mayotte, où les défis ne manqueront pas, même une fois l’urgence passée.
Voici, dans son intégralité, le texte de Jean-Yves Bonnaire, que je tiens à partager avec vous, et aussi à remercier pour ses écrits et idées, qui apportent une réflexion constructive et des pistes importantes pour aborder ces enjeux complexes…et bien d’autres !
Philippe Pied
GESTION DE CRISE A MAYOTTE: HALTE AUX CRITIQUES ET AUX POLEMIQUES MALVENUES
Je vois énormément de critiques et de polémiques s’étaler sur les réseaux sociaux sur la lenteur des opérations de secours à Mayotte. À partir moment où le désastre est exposé aux yeux de tous et que la prise de conscience des parties prenantes extérieures est effective, il faut AU CONTRAIRE savoir taire les critiques sur la gestion de crise et sur la réponse de sécurité civile.
Par expérience, j’affirme que la gestion de l’urgence a beaucoup plus à gagner du soutien massif et des encouragements inconditionnels, aux sauveteurs, aux entreprises privées et aux gestionnaires de crise, que des reproches souvent guidés par des considérations très éloignées de la survie des populations sinistrées.
Tout ce qui aurait pu ou dû être fait avant l’évènement appartient au passé, il faut gérer au mieux le présent dramatique et il faudra le moment venu tirer tous les enseignements de cette catastrophe. Peu de vrais retours d’expérience (REX ou RETEX) sont conduits après ces évènements CAT NAT dans les outre-mer. Et même lorsque des recommandations utiles sont faites, elles ont du mal à voir le jour car les actions ne peuvent efficacement se mettre en place que grâce au dialogue, à la vraie prise en compte des spécificités locales (culturelles et techniques) et à l’engagement effectif de toutes les parties prenantes …sur la durée.
En matière de gestion de crise CAT NAT il faut aussi savoir dépasser l’émotion (légitime) et il faut écarter les intérêts parasites. Il faut également définitivement cesser de penser que la réponse de sécurité civile pourra miraculeusement masquer tous manquements et insuffisances accumulés parfois pendant plusieurs décennies.
Quand les fédérations du BTP réclament l’engagement de travaux massifs pour l’adaptation du cadre bâti et des infrastructures aux effets du changement climatique, elles ne “pleurent” pas pour avoir du boulot : ON NE LES ECOUTE PAS!
Lorsque des travaux normatifs sont menés pour accompagner ces travaux futurs et que le soutien légitime attendu n’est pas au rendez-vous, il faut une forme de foi inébranlable chez ces professionnels pour qu’ils continuent à y croire car ON NE LES ÉCOUTE PAS!
Lorsque certains disent que consentir à des crédits d’impôts pour encourager le confortement parasismique et para-cyclonique du bâti privé existant n’aura que peu d’effet dans des territoires pauvres où le nombre de foyers payant l’impôt est faible, ON NE LES ECOUTE PAS!
Lorsque des professionnels de la construction expliquent que le financement du logement social, une politique de l’État, doit s’adapter aux réalités des territoires et aux menaces auxquelles ils feront face un jour, ON NE LES ÉCOUTE PAS!
Les petites économies faites aujourd’hui et les demi-mesures prises, dans l’urgence, sous la pression ou pour se donner bonne conscience tant que l’attention médiatique est là, sont le terreau fertile des catastrophes coûteuses de demain.