En Martinique, plusieurs lois et accords ont été mis en place pour lutter contre la vie chère, attribuée à des facteurs tels que l’éloignement géographique, la dépendance aux importations et la concentration économique.
Le protocole d’accord d’octobre 2024, signé par le préfet, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et des acteurs économiques, prévoit une réduction de 20 % des prix sur 54 familles de produits alimentaires, une transparence accrue des pratiques commerciales et un soutien à la production locale. Ce protocole vise à réduire les prix de plus de 6 000 produits alimentaires grâce à une baisse de la fiscalité et à l’engagement des distributeurs à limiter leurs marges.
En janvier 2025, une proposition de loi socialiste a été adoptée en première lecture, ciblant les écarts de prix dans les Outre-mer, qui peuvent atteindre jusqu’à 40 % pour certains produits alimentaires. Cette loi renforce la régulation économique et le droit de la concurrence, et prévoit l’exemption de TVA sur certains produits essentiels afin de réduire leur coût.
Le Bouclier Qualité-Prix (BQP) permet au préfet de négocier des accords annuels pour limiter les prix des produits courants. Cependant, son application reste limitée.
Une prime vie chère, une indemnité compensatoire pour les salariés du secteur public, est également mise en place en raison du coût élevé de la vie. Ces initiatives visent à améliorer le pouvoir d’achat des Martiniquais sans réformer le modèle économique local.
Le protocole d’accord signé en Martinique contre la vie chère repose sur trois principaux objectifs : une baisse des prix des produits alimentaires, consistant en une réduction moyenne de 20 % sur 6 000 produits, incluant 54 familles de produits essentiels, grâce à des baisses structurelles des coûts et à l’engagement des distributeurs à réduire leurs marges ; la transparence et le contrôle des prix en renforçant la régulation et la transparence dans la constitution des prix pour limiter les abus et garantir une meilleure lisibilité pour les consommateurs ; et le soutien à la production locale par la promotion de l’autonomie alimentaire et le développement économique via des aides à l’agriculture locale et une transition agroécologique soutenue.
La mise en œuvre du Bouclier Qualité-Prix (BQP) en Martinique pourrait s’articuler autour de l’élargissement de la liste des produits concernés. Actuellement, le BQP inclut 134 produits. Des propositions visent à porter ce nombre à 400 pour les petites enseignes et jusqu’à 2 700 pour les grandes, en intégrant davantage de produits essentiels et locaux. Le préfet doit négocier chaque année avec les distributeurs, fournisseurs et transporteurs pour fixer un prix global maximum sur une liste de produits courants. En cas d’échec des négociations, il peut imposer un encadrement des prix, mais cette mesure reste, à notre connaissance, inappliquée. Il convient d’exclure les produits locaux des obligations d’alignement sur les prix hexagonaux en les intégrant dans le BQP pour soutenir l’économie locale et en contrôler les prix.
Les contrôles sur les marges des grandes surfaces doivent aller de pair avec la transparence des coûts liés au transport et à la fiscalité. La mise en place d’un comparateur de prix accessible aux consommateurs pour mieux identifier les produits inclus dans le BQP et garantir leur visibilité en magasin s’avère indispensable. Ces mesures visent à rendre le BQP plus efficace pour réduire le coût de la vie tout en soutenant l’économie martiniquaise.
Le Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC), à l’origine de la lutte contre la cherté de la vie, a refusé de signer le protocole d’accord contre la vie chère en exigeant une baisse sur tous les produits alimentaires. Le RPPRAC demandait que la réduction des prix concerne l’ensemble des produits alimentaires, soit environ 40 000 références, et non seulement les 6 000 produits ciblés par le protocole. Le protocole a été jugé insuffisant et flou ; le collectif a critiqué le document comme étant évasif, sans calendrier précis ni garanties claires sur les engagements pris. On peut se demander si un tel blocage n’exprime pas un manque de sérieux et de respect envers leurs propres revendications. L’exigence sans nuance de l’alignement des prix avec la France hexagonale n’a pas été retenue dans l’accord final. Le collectif a également conditionné son approbation, sans que l’on comprenne une telle exigence, à la venue du ministre François-Noël Buffet, ce qui n’a pas eu lieu. Ces désaccords ont conduit le RPPRAC à poursuivre les mobilisations et à intensifier les blocages en Martinique.
Toutefois, l’accord en Martinique prévoit une réduction des prix sur une sélection de produits alimentaires essentiels, notamment sur les produits alimentaires de première nécessité (riz, pâtes, farine, huiles, lait, sucre, etc.). Les produits infantiles (lait pour nourrissons, petits pots, céréales pour bébés) sont compris dans cette liste, ainsi que les fruits et légumes frais, avec une sélection adaptée à la saisonnalité. Une part croissante de produits locaux est incluse pour soutenir l’économie martiniquaise. Ces produits sont intégrés dans des listes spécifiques selon la taille des magasins (hypermarchés, supermarchés, supérettes) dans le cadre du Bouclier Qualité-Prix.
Les défis à surmonter pour réduire la vie chère en Martinique incluent la dépendance aux importations, la majorité des produits alimentaires et de consommation étant importée, ce qui entraîne des coûts élevés liés au transport, aux taxes (octroi de mer) et à la logistique. Certains mettent en avant la domination de quelques acteurs dans les secteurs de la distribution et du commerce, ce qui limiterait la concurrence et contribuerait à des marges élevées, sans démontrer que cette concentration est supérieure à celle constatée dans l’hexagone. Le développement de l’agriculture et des industries locales est insuffisant, ce qui accentue la dépendance extérieure et limite la capacité à offrir
Gérard Dorwling-Carter.