Le réalisateur, écrivain, peintre, musicien, considéré comme le parrain du cinéma afro-américain, répandait son art de la subversion dans des œuvres foutraques, crues et protéiformes. Il est mort mardi à 89 ans.
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par Léo Soesanto
«J’ai un conseil pour les cinéastes : je lis le journal et si je ne suis pas dans la rubrique nécrologie, je me bouge le cul», disait Melvin Van Peebles, fidèle à sa verve et son franc-parler. «Pas très compliqué, hein ?» On excusera donc cette fois celui qu’on considère être le parrain du cinéma afro-américain d’être à l’arrêt, le cinéaste (mais pas que) à qui Spike Lee devait tout («il nous a donné l’exemple de comment faire un vrai film et surtout d’être payé pour ça»). Van Peebles est décédé chez lui à New York à l’âge de 89 ans. C’est un pionnier du cinéma indépendant, de la conscience noire outre-Atlantique, qui s’éteint, qui laisse surtout dans les mémoires son film Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971) comme sommet vital, hirsute, de l’iceberg d’une œuvre protéiforme, aussi éternel que le béret dont Van Peebles s’affublait en public. Dans un reportage pour l’ORTF en 1968, les dessinateurs d’Hara-Kiri (Cabu, Gébé, Fred et Wolinski) s’amusaient à le portraiturer en dessinant différentes cases dans sa tête (une toile d’araignée ici, une femme nue par là) pour rendre compte de ses autres étiquettes – romancier, dramaturge, journaliste, musicien, peintre puis prof de cinéma et même courtier en bourse dans les années 80.