À partir du VIIe siècle, l’Église structure l’année liturgique autour des grandes fêtes liées à la vie du Christ (Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte), des fêtes mariales (Annonciation et Assomption) et des célébrations des saints (comme la Saint-Jean le 24 juin).
Pour déterminer la date de Pâques, la principale fête chrétienne qui commémore la résurrection de Jésus-Christ trois jours après sa crucifixion, les premiers chrétiens s’inspirent initialement de la tradition juive basée sur un calendrier lunaire. Cependant, cette méthode finit par être rejetée par l’Église, qui cherche à se détacher du judaïsme.
Denys le Petit et la datation de la naissance du Christ
Face aux « querelles pascales » qui divisent l’Église, certains moines tentent de concilier le calendrier lunaire juif avec le calendrier solaire romain. C’est ainsi qu’en 532, sous le règne de l’empereur Justinien, Denys le Petit, un moine scythe installé à Rome, établit l’année de la naissance de Jésus-Christ à 753 ans après la fondation de Rome, référence utilisée par les Romains.
Cependant, des recherches modernes suggèrent qu’il aurait commis une erreur d’environ cinq ans. Le roi Hérode, qui régnait au moment de la naissance du Christ, étant mort en 750 après la fondation de Rome, il est probable que Jésus soit né entre l’an 3 et l’an 6 avant l’ère chrétienne.
Bède le Vénérable et la christianisation du temps
Les calculs et les tables de Denys le Petit se diffusent peu à peu dans les îles britanniques, où apparaissent les premiers documents datés de « l’an de l’Incarnation de Notre Seigneur ». Deux siècles plus tard, au temps de Charlemagne, un moine anglo-saxon connu sous le nom de Bède le Vénérable propose de généraliser cette pratique. Il s’inspire des Romains, qui comptaient les années à partir de la fondation de leur ville, pour instaurer une datation basée sur la naissance du Christ, contribuant ainsi à christianiser le temps.
Au même moment, au VIIIe siècle, d’autres moines suggèrent de faire débuter l’année liturgique le jour de l’Annonciation (25 mars) plutôt que le 1er janvier, jour associé dans le calendrier julien à la fête de Janus et à la prise de fonction des consuls. Cette réforme sera en vigueur dans certaines régions jusqu’en 1622, lorsque la papauté rétablit officiellement le 1er janvier comme début de l’année.