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© Christophe Magdelaine / www.notre-planete.info – Licence : CC BY-NC-ND

Espresso, décaféiné, latte… La consommation de café fait partie du quotidien de beaucoup de personnes, à petite ou à grande dose, de façon très régulière ou assez rarement. Sans le savoir, notre corps régule activement la quantité consommée de café pour nous protéger d’éventuels dangers sur notre santé.

Une première étude mondiale, réalisée par des chercheurs de l’Université d’Australie du Sud, en partenariat avec le SAHMRI et sur un panel de 390 435 personnes, prouve que la santé cardiovasculaire – pression artérielle et fréquence cardiaque – a une influence sur la consommation de café.

Par exemple, en se basant sur le facteur génétique, l’équipe a pu constater que les personnes souffrant d’hypertension artérielle essentielle, d’angine de poitrine et d’artythmie étaient plus susceptibles de boire moins de café, de privilégier du café décaféiné ou encore d’éviter complètement d’en consommer, en comparaison aux personnes qui n’avaient pas de tels symptômes.

De plus, dans les analyses génétiques, une pression artérielle systolique (SBP) et une pression artérielle diastolique (DBP) plus élevées étaient associées à une consommation plus faible de café caféiné. Quant à la fréquence cardique, si au repos celle-ci est plus élevée, l’individu a une plus grande probabilité d’être un buveur de café décaféiné.

Par conséquent, d’après Elina Hyppönen, chercheuse principale de l’étude et directrice du Centre Australien de Santé de Précision de l’UniSA, cette découverte positive “montre que notre génétique régule activement la quantité de café que nous buvons et nous protège d’une consommation excessive.”

De nombreuses raisons poussent les personnes à boire du café mais “celles-ci auto-régulent inconsciemment des niveaux prudents de consommation de caféine, en fonction de leur tension artérielle élevée. Cela est probablement le résultat d’un mécanisme génétique protecteur. Cela signifie que quelqu’un qui boit beaucoup de café est probablement plus tolérant génétiquement à la caféine que quelqu’un qui en boit très peu”, a-t-elle expliqué tout en ajoutant qu’“inversement, un non-buveur de café, ou quelqu’un qui boit du café décaféiné, est plus susceptible aux effets indésirables de la caféine, et plus sensible à l’hypertension.”

Méthode utilisée pour déterminer le lien entre consommation de café et santé cardiovasculaire

Les chercheurs ont observé un panel 390 435 participants, d’ascendance européenne et âgés entre 39 et 73 ans, à partir de la base de données de la UK Biobank contenant des informations génétiques et sanitaires approfondies sur les participants.

La consommation habituelle de café a été autodéclarée en répondant à la question “Combien de tasses de café buvez-vous par jour?”, en prenant également en compte le café décaféiné. Parmi les buveurs de café, les chercheurs se sont également interrogés sur les types de café consommés. Une des réponses qui ressort est celle de la consommation de café caféiné mesurée en tasses par jour.

La pression artérielle systolique (SBP), la pression artérielle diastolique (DBP) et la fréquence cardiaque ont été mesurées au début de l’expérience comme une moyenne des deux mesures. La fréquence cardiaque a été mesurée pendant les lectures automatiques de la pression artérielle.

Les symptômes cardiovasculaires reposent sur les diagnostics hospitaliers et les dossiers de soins médicaux, auxquels s’ajoute l’auto-évaluation à travers un questionnaire.

Par conséquent, pour obtenir des résultats concrets, les scientifiques ont testé le nombre de tasses de café bues en fonction des différences de pression artérielle systolique et diastolique et de fréquence cardiaque, en utilisant le modèle de régression linéaire. De plus, avec la méthode de régression logisitique multinominale, ils ont obtenu la probabilité pour les participants d’être un buveur de café décaféiné ou un consommateur non habituel. Cette méthode a été ajustée en fonction de l’âge, du sexe, de l’IMC, emplacement du centre d’évaluation, indice de privation de Townsend, tabagisme, consommation d’alcool, consommation de thé, activité physique, état de santé général, maladie de longue date et éducation.

La randomisation mendélienne (MR) a été utilisée pour examiner les preuves génétiques d’une association causale entre la SBP, la DBP et la fréquence cardiaque avec les modèles habituels de la consommation de café caféiné et la probabilité de devenir un buveur de café décaféiné ou un buveur de café occasionnel.

“Que nous buvions beaucoup de café, un peu ou que nous évitions complètement la caféine, cette étude montre que la génétique guide nos décisions pour protéger notre santé cardiovasculaire”, a confirmé le professeur Hyppönen.

Consommation de café, indicateur de santé cardiovasculaire ?

D’après les résultats de cette étude observationnelle, il n’y a pas de doute, la quantité de café que nous buvons peut être un indicateur de notre santé cardiovasculaire.

Par exemple, d’après les données indiquées dans l’étude, 83% des individus souffrant d’arythmie cardiaque étaient plus susceptibles de boire du café décaféiné et 53% préféraient ne plus boire du tout de café plutôt que de boire du café caféiné. La conclusion est similaire pour toutes les personnes ayant autodéclarées une mauvaise santé ou ayant des antécédents de maladie de longue date, celles-ci avaient plus de probabilité de choisir de boire du café décaféiné ou de ne pas boire du tout de café.

Quant à la différence entre les sexes, les hommes seraient plus susceptibles de boire du café caféiné par rapport aux femmes68,5% contre 59,4% – qui choisissent en général le café décaféiné ou s’abstiennent d’en consommer.

Par conséquent, cette étude permet de mettre en lumière des preuves génétiques causales selon lesquelles le fonctionnement des symptômes cardiovasculaires des personnes peut modifier les schémas de consommation du café. En fonction des niveaux de pression artérielle et de la fréquence cardiaque, les personnes ont tendance à réguler naturellement leur consommation de café permettant d’éviter les excès et donc les potentiels dangers pour la santé.

Les chercheurs mettent en garde les consommateurs sur la promotion générale de la consommation élevée de café comme étant sûre et bénéfique. Celle-ci est susceptible d’être erronée et une approche plus personnalisée, tenant compte des caractéristiques individuelles, est nécessaire.

“Si votre corps vous dit de ne pas boire cette tasse de café supplémentaire, il y a probablement une raison. Écoutez votre corps, il est plus en phase avec votre santé que vous ne le pensez”, a-t-elle conclu.

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