Mercredi, Nou ka viré a ouvert les portes de son entreprise. Des bouteilles en verre et des caissons à gogo pour la toute jeune filière de réemploi de contenants en verre. Julien Raymond, le fondateur, a fait découvrir l’entreprise, nouveau maillon de l’économie circulaire dans le territoire.
Prochainement les interviews des organismes présents à travers :
- Jean-François Mauro, Directeur de l’ADEME Martinique
- Philippe Moccand, Directeur Schéma Industriel et Outre-Mer CITEO
- Alexandre Ventadour, Conseiller Territorial de la CTM, président de la commission attractivité, développement économique, numérique, tourisme et Transitions Ecologique, Energie, Mutations Climatiques, pollutions
Il ne veut pas mettre Paris en bouteille mais presque toute la Martinique. C’est le retour de l’esprit de la consigne. Les bouteilles, les pots, bref tous les contenants en verre pourront être réutilisés avec Nou ka viré. L’entreprise est spécialisée dans la collecte et le reconditionnement de ces contenants. Il n’y a qu’à voir l’entrepôt de l’entreprise. Des centaines de bouteilles de Didier vides et prêtes à être utilisées attendent dans un coin bien emballées. De l’autre côté, les dizaines de caisses à bouteilles qui permettent de stocker les collectes. Puis, près de l’entrée, ce qui ressemble à un simple lave-vaisselle mais qui est capable de traiter n’importe quelle forme de bouteille, notamment les bouteilles de rhum dont les formes se distinguent d’une marque à une autre.
Julien Raymond est à la tête et seul aux manettes de Nou ka viré. Le fondateur et chef d’entreprise sort du monde du commerce. Il trouve alors un projet professionnel qui lui tient à cœur, en phase avec ses valeurs : le respect de l’environnement. Il a donc mis à profit son réseau et ses connaissances au service de l’économie circulaire. Julien Raymond s’inspire de ce qui se fait en France hexagonale, le retour de la consigne. « Je me suis dit pourquoi pas être à l’avant-garde aux Antilles sur ces sujets », explique-t-il. Tous les feux sont au vert. Les industriels et les distributeurs. Les uns souhaitent recycler leurs contenants et les autres mettent des bornes de collecte à disposition.

Mais la variable la plus importante de l’équation reste le consommateur. Va-t-il jouer le jeu ? Oui si l’on s’en réfère à un rapport de l’Ademe en date de 2020.
« 82% des Martiniquais interrogés se disaient en faveur du réemploi s’il y a une petite carotte financière »
affirme Julien Raymond. Entre la consigne et la gratification, le patron de Nou ka viré opte pour le deuxième choix pour faire adhérer les consommateurs. « La consigne était vécue comme une vraie contrainte. » Chaque contenu a une valeur. De 15 à 50 cl, c’est 2 centimes. A partir de 70 cl, c’est 5 centimes qui se muent en bon d’achat. Un montant que l’on peut ensuite déduire en caisse des grandes surfaces lors de ses achats.
Julien Raymond garantit le reconditionnement et les normes d’hygiène nécessaires au réemploi. « Si nos clients veulent retrouver des palettes comme elles sortent de leurs containers quand elles sont neuves, on peut faire. Nous pouvons aussi livrer en vrac ou en carton. Et ça repart dans le circuit », rappelle-t-il.
En trois mois, Nou ka viré a collecté 1000 bouteilles. La Martinique compte pour l’instant trois automates de collecte à la Galléria, à Auchan Lamentin et à Carrefour Cluny. L’objectif est de passer à une quinzaine « pour aller toucher Grand-Rivière, le Marin.
Pour que tous les Martiniquais puissent avoir accès à cette solution »
Le chef d’entreprise explique avec enthousiasme que le rythme des collectes s’intensifie.
Le développement de Nou ka viré s’inscrit dans la stratégie d’économie circulaire de la CTM. Si Nou ka viré est encore en phase expérimentale, l’objectif avoué est de pérenniser le dispositif. D’ici la fin de l’année, Julien Raymond espère faire 1000 bouteilles par mois.
Laurianne Nomel