Le mystérieux Pavillon des Indes, autrefois trônant à Saint-Malo, est une énigme architecturale qui a touché plus d’un cœur. Inspiré par la majesté du Royal Pavilion à Brighton, cet édifice illustre le riche mélange de l’Orient et de l’Occident, évoquant l’héritage maritime de la ville corsaire. Témoignage d’une époque révolue où l’exotisme et la découverte naviguaient côte à côte, sa disparition soulève des questions sur l’histoire et la revalorisation du patrimoine. Cet article vous plonge dans l’histoire fascinante du Pavillon des Indes de Saint-Malo et pose la question : et si nous renouions avec ce joyau perdu ? Embarquez avec nous pour un voyage à travers le temps, l’architecture et les rêves d’un futur optimiste pour la Côte d’Émeraude.
Londres – Brighton… à vélo ! 3h50 d’itinéraire pour aller admirer le spectaculaire palais balnéaire du prince régent (George IV) transformé par John Nash entre 1815 et 1823 en l’un des monuments les plus éblouissants et exotiques des îles britanniques. L’influence outre-Manche jouée par Brighton pour faire renaître son Taj Mahal balnéaire peut-elle susciter un élan cosmopolite dans la cité corsaire de la côte d’Emeraude pour redonner vie à son Pavillon des Indes tout aussi fascinant ?
Si le Royal Pavilion mélange en effet dans le Sussex la grandeur Regency avec l’architecture indienne et des designs intérieurs d’inspiration chinoise, une autre émulation a pris forme dans l’écho des vagues indisciplinées de la côte d’Emeraude.
Témoignage d’innovation transmanche, Le pavillon des Indes fut commandé par le prince de Galles, futur Edouard VII pour représenter les Indes britanniques à l’Exposition universelle de 1878 à Paris. Il comprend alors deux parties symétriques reliées par une galerie. A la fin de l’exposition, les deux parties furent vendues séparément. La principale fut ainsi transférée vers la station balnéaire de Saint- Malo (Paramé) mais endommagée par un coup de vent puis détruite vers 1905 par une violente tempête.
Il semblerait que des pièces du pavillon aient été cédées à la République d’Haïti, jusqu’à la chute du Président Salomon, puis enfin vendues au Royaume de Hawaï pour ériger son propre pavillon. Bien que l’enveloppe architecturale du lieu, espace unique et rare, ancien vestige de l’Exposition de 1878 à Paris soit disparue, l’héritage de ce « Taj Mahal » breton mériterait d’être valorisé dans une forme originale.
En somme, ce pavillon aujourd’hui disparue questionne même l’ouverture maritime des Indes que les navigateurs Malouins avaient distinguée en deux pôles, à l’instar des Anglais ou Hollandais (West Indies/East Indies). Si les Indes orientales ont mené à la route des épices, les Indes occidentales ont ouvert la route du rhum mais aussi celle du café et d’autres richesses avec le siège de Rio de Janeiro par Duguay-Trouin par exemple.
Un herbier imaginaire pourrait mettre en valeur ce patrimoine orientaliste, dans les espaces verts des parcs et jardins de Saint-Malo et relierait grands corridors naturels, vallées et jardins convergeant vers la cité corsaire. À terme, il serait possible de se promener en cheminant de jardin en jardin : jardins paysagers, maritimes, nourriciers – dans la continuité des actuelles stations gourmandes – pour rejoindre le Parc de la Briantais ou le Parc de Port-Breton à Dinard. En somme, un programme d’aménagement paysager assez proche du Collier d’Emeraude déployé par la ville de Boston.
Vision d’avenir : et si Saint Malo renouait avec son Pavillon des Indes ?
Une autre partie du pavillon existe toujours sur la commune de Courbevoie, dans le département des Hauts-de-Seine. Plusieurs communes de ce territoire de l’ouest parisien ont valorisé ce patrimoine rare et original, à l’instar de la commune d’Asnières-sur-Seine qui a transformé l’ancienne gare Lisch en Cité du voyage et de l’entrepreneuriat. Avant d’être déplacée en banlieue, cette ancienne gare de l’expo universelle était initialement située au cœur de Paris pour accueillir les visiteurs au pied de la Tour Eiffel.
La réhabilitation de la partie du pavillon des Indes située à Courbevoie a été entièrement financée par un mécénat privé de la fondation Total en faveur de la fondation du Patrimoine, via une subvention de 150 000 euros visant à transformer ce lieu en résidence d’artistes. Et offrir une formidable occasion pour l’art contemporain de s’exprimer dans un lieu chargé d’histoire.
Et si Saint-Malo constituait un dossier pour essayer de convaincre une nouvelle fois Total d’accorder son mécénat à la Côte d’Emeraude ?
La réhabilitation du pavillon des Indes à Saint-Malo pourrait offrir une “vitrine” pour encourager les solutions à l’hydrogène pour les navires de commerce et de croisière. Les énergies du futur seraient ainsi mises à l’honneur autour de l’émulation de navires à énergie propre. Inscrire Saint-Malo dans l’odyssée des énergies du futur offrirait localement des pistes pour mieux travailler étroitement avec EDEIS en charge de la région de la gestion du port et la Région Bretagne. Mais aussi rester intransigeant sur l’installation de trémies de déchargement aspirant la poussière. Bref, Saint-Malo et la Côte d’Emeraude pourraient être identifiées comme un véritable Silicon Valley de l’économie circulaire, qui renouerait avec l’utopie des fondateurs des expositions universelles.
Pour marcher sur les traces du pavillon des Indes de Saint-Malo :
Dans l’immédiat, voici des éléments plus précis sur la Maison de villégiature balnéaire dite Pavillon des Indes du Prince de Galles, 175, 177 digue des Dunes (Saint-Malo) : http://patrimoine.bzh/gertrude- diffusion/dossier/maison-de-villegiature-balneaire-dite-pavillon-indien-du-prince-de-galles-175-177- digue-des-dunes-saint-malo/98c86626-7250-48f7-8582-e50292f6f998
L’emplacement correspond aujourd’hui au : 1 Avenue Jules Simon, 35400 Saint-Malo.
Kevin LOGNONÉ