La Banque centrale européenne planche sur l’euro numérique. Ce projet présente des avantages concrets, mais certains, notamment dans le secteur bancaire, pointent aussi ses faiblesses. Par Photo de couverture : Christian Lue © Unsplash
  • Le dispositif d’euro numérique continue de faire son chemin
  • Il présente des avantages pour les citoyens et la stabilité du système monétaire européen
  • Les banques signalent aussi des inconvénients et posent leurs conditions

C’est l’un des grands projets de Christine Lagarde depuis qu’elle a pris la tête de la Banque centrale européenne en 2019. L’idée est de créer un euro numérique, une monnaie électronique qui viendrait en complément des espèces, et des autres solutions de paiement. Il s’agirait d’une solution complémentaire, mais aussi d’une amélioration de la souveraineté monétaire de la zone euro face à la multiplication des offres venues du privé.

Alors que le projet doit entrer dans une phase de préparation à partir d’octobre avec la mise en place d’un projet pilote, et avant un lancement éventuel d’ici 2026-2027, nous allons voir dans cet article les principaux avantages et inconvénients de l’euro numérique.

Les avantages de l’euro numérique

Les soutiens de ce projet saluent d’abord la modernisation que permettrait l’euro numérique. Il fournirait ainsi une alternative au paiement en espèce sans risque et universellement accepté. Il arrive en effet que certains commerces rejettent les cartes Visa ou Mastercard, voire même, le paiement en monnaie liquide.

C’est aussi une offre publique qui répondrait aux monnaies numériques contrôlées par le secteur privé qui sont en train de gagner du terrain et de séduire de nombreux particuliers. On pense bien sûr aux cryptomonnaies et aux stablecoins mais aussi à Pay Pal. Les grandes entreprises technologiques ont également investi ce secteur des paiements numériques, à l’image de Google et d’Apple.

Enfin, et sur le plan international, la BCE entend répondre au projet de monnaie numérique chinois (bien que ce dernier ne soit pas un franc succès). Elle tient aussi à tenir son rang face au dollar, et on sait que les États-Unis planchent sur un e-Dollar, même si l’Oncle Sam ne semble également pas très pressé de passer à l’action sur ce dossier.

Cité par le Financial Times, Fabio Panetta, membre du directoire résume ainsi la situation : « Si le souverain n’offre pas cela, d’autres prendront sa place. Nous voulons créer une application qui garantisse que vous puissiez payer avec l’euro numérique de la même manière dans toutes les régions de la zone euro. »

Les inconvénients de l’euro numérique

Le projet d’euro numérique est par ailleurs l’objet de nombreuses critiques. Certains pointent notamment le fait qu’il sera difficile à vendre aux citoyens de l’Union européenne. En effet, le marché des paiements fonctionne relativement bien aujourd’hui, et chacun semble y trouver son compte. Il est possible de payer en liquide la plupart du temps, tandis que les alternatives numériques privées marchent également très bien.

Des objections se font aussi entendre de la part du secteur bancaire à qui la BCE entend déléguer la gestion de l’euro numérique au niveau local. Certains craignent qu’en cas de crise, les épargnants puissent transférer massivement leurs dépôts bancaires vers leurs comptes numériques en euro. Une sorte de bank run virtuel en quelque sorte.

La BCE répond à cette faille en précisant qu’il y aura un plafond de 3000 euros sur les portefeuilles digitaux avec un taux d’intérêt punitif pour tous ceux qui le dépassent.

Des experts ont par ailleurs pointé la possibilité de voir deux systèmes de paiement parallèles se mettre en place avec l’immobilisation des capitaux et des liquidités dans certains cas, ce qui in fine pourrait se révéler couteux pour l’économie de la zone euro.

Enfin, des critiques se font entendre sur le plan de la protection de la vie privée. Certains opposants au projet ont notamment dit craindre que ce dernier ne se transforme en “big brother” en permettant aux autorités européennes de scruter les dépenses des citoyens.

C’est même une des principales limites pointées par les répondants d’un sondage mené à l’échelle de l’UE. En la matière, la BCE veut donc bien séparer l’identité des utilisateurs de leurs données de paiement sauf en cas de suspicion d’activité criminelle.

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