Les amateurs de concert ne sont pas encore à la fête et les théâtres s’accomodent encore d’un protocole contraignant. Mais à La Rochelle, Poitiers, Angoulême ou Niort, la vie reprend sur les scènes culturelles de la région. 

Avec “Le Pas Grand Chose” de Johann Le Guillerm, les rochelais vont retrouver la grande scène de La Coursive • © Philippe Cibille

Pour cette reprise tant espérée, nous aurions pu convoquer Ionesco et sa célèbre pièce, “Les Chaises”. Ça nous semblait plutôt approprié. Mais pour la majorité des organisateurs de spectacles et autres directeurs de salles, c’est plutôt Kafka qui est encore en haut de l’affiche dans cette crise sanitaire qui n’en finit pas. Alors certes le spectacle vivant n’est pas mort et artistes et programmateurs sont encore debout, ou plutôt assis donc. Tous, en tout cas, ont, comme vous spectateurs frustrés, envie de se retrouver et qu’importe les contraintes.

Ce week-end, le rideau se lève enfin et, comme ses confrères, Jérôme Lecardeur est tout simplement “content”. Cela fait plus d’un an que le directeur du TAP de Poitiers navigue à vue. Une année particulière et, paradoxalement, très chargée pour toutes les équipes du théâtre. “Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’on a travaillé comme des malades ! Il y a des artistes que l’on a programmés quatre fois, une saison est un château de de cartes et quand on en enlève une, c’est le bordel. Et, en parallèle, le TAP a été ouvert pour des résidences et des répétitions plus de 200 jours”.,

Affiche du TAP “Y’a plus de saisons !” © TAP de Poitiers


“Y’a plus de saison !” affiche donc ironiquement le TAP. Mercredi 2 juin à 19h, c’est Déborah Lukumuena qui sera seule en scène pour jouer Anguille la Comorienne, héroine du roman poignant d’Ali Zamir adapté par Guillaume Barbot. Un tiers seulement des sièges sera occupé, comme prévu par le protocole provisoire. Mais pour rattraper, tant que faire se peut, le temps perdu, la scène nationale a décidé de jouer les prolongations avec 25 spectacles jusqu’au 10 juillet, 25 spectacles gratuit ! 

“Au fond, en ne jouant pas, on a économisé de l’argent et on a eu des aides d’état qui ont très bien fonctionné, alors faisons en profiter à ceux qui manquent à cette scène, le public” se justifie Jérôme Lecardeur, “ça sera une façon de reprendre contact avec eux au meilleur endroit avec réservation obligatoire et une limite de six billets par personne. Que l’on joue pour 3, 30 ou 300 comme la jauge actuelle, on le fera et on le fera bien”.

“Anguille sous roche” de Guillaume Barbot sera le spectacle de retrouvaille du TAP et de son public • © P.Victor

A La Sirène de La Rochelle, on a aussi décidé de renouer avec le public, même si une programmation de salle de musiques actuelles n’est guère compatible avec le mode strapontin. Ce vendredi, les abonnés sont donc invités à découvrir Renaud Brustlein alias H-Burns qui avec son Stranger Quartet rend hommage à Léonard Cohen. La semaine prochaine, ce sera autour du Maxime Delpierre Trio et de Sofa de nous rappeler cette douce sensation de malaxage de nos tympans devant des amplis… assis.

H-Burns sera le premier artiste à jouer en public à La Sirène depuis… bien longtemps. • © Louis Canadas

“On avait des résidences qui étaient calées en nos murs au mois de mai donc on propose à nos abonnés d’en profiter quand même”, explique le boss David Fourrier, “on voulait leur expliquer qu’en passant de 1.200 places à 140 en version assis, le modèle économique sur cette première période de déconfinement est impossible pour une salle comme la nôtre. On aura quatre ou cinq propositions dont Bertrand Belin à La Coursive en juin, et pour l’instant je n’ai pas entendu de la part de notre gouvernement que septembre sera synonyme de retour à la vraie vie, donc on reste dans l’expectative”.

Le 6 juin, Bertrand Belin sera à la Coursive de La Rochelle, un concert organisé par La Sirène • © Guillaume Bonnefont/Maxppp

De la même façon, le CAMJI à Niort reste sur des propositions “en distanciel”, comme on dit, pour l’instant. Samedi 22, c’est le rock indé de Jeliza Rose qui sera proposé en live stream sur les réseaux sociaux et le 28 mai, ça sera au tour du duo de Kokopeli. En attendant peut-être des jours meilleurs et peut-être de “vrais” concerts en extérieur cet été. Pas très rock’n’roll, tout ça.

A Angoulême,le grand théâtre, lui, frappe fort pour cette reprise avec Buster de Mathieu Bauer, un ciné-concert en hommage à Keaton qui sera joué les 1er et 2 juin. Six jours plus tard, ce sera le Projet Newman d’Amine Adjina et Emilie Prévosteau. Deux propositions seulement, mais Sonia Kéchichian qui avait pris ses fonctions en janvier 2020 a également réservé quelques surprises au public angoumoisin. 

“On a tellement revendiqué haut et fort la réouverture qu’on ne va pas gâcher notre plaisir en faisant la fine bouche”, nous dit la directrice du théâtre, “on propose donc deux spectacles et, en plus, des répétitions publics la semaine prochaine (avec déjà près de cent personnes qui ont réservé), et au mois de juin des rendez-vous festifs autour de la littérature féministe et une soirée DJ au bar. Car ce qui est important aujourd’hui, c’est la convivialité, de renouer ce lien avec le public, échanger, parler, se retrouver parce que c’est le cœur de notre mission. Cette année et demi de fermeture va laisser des traces et il va falloir accompagner le mouvement de retour dans les lieux culturels”.

On vous conseille aussi fortement de ne pas rater “Le Pas Grand Chose” de Johann Le Guillerm à La Coursive de La Rochelle les 26, 27 et 28 juin. On aurait également pu vous parler de La Coupe d’Or à Rochefort avec Philippe Caubère et “Les Lettres de mon Moulin” du 25 au 28 mai, de L’Avant Scène à Cognac avec “La Dispute” de Mohamed El Khtaid le dimanche 30 mai. Bien sûr on en oublie, mais l’important est ailleurs. Enfin, on peut le dire : The show must go on !

Partager.

Comments are closed.

Exit mobile version