94 centres de préparation militaire marine existent en France. Aux Antilles, il n’en existe qu’un, il est en Martinique. Cette année, c’est une promotion de 17 jeunes de 16 à 21 ans qui font le tour des métiers proposés par la Marine tout en y apprenant les valeurs de respect, de cohésion et de leadership.
Au Fort Saint Louis, ce mercredi matin, il fallait sauver le soldat Norbert. Dignes des plus fameuses intrigues hollywoodiens, les instructeurs concoctent d’épineux scénarios pour mettre à l’épreuve les stagiaires. Un exercice de la matinée : dans une zone hostile et accidentée, les stagiaires doivent secourir un soldat, en l’occurrence Norbert, victime d’une fracture ouverte du fémur. « C’est quel os, le fémur ? », questionne une stagiaire. Si l’exercice commence laborieusement, la cohésion et l’ingéniosité du groupe prennent le dessus.
Des compétences managériales mises en avant
Toujours au Fort Saint-Louis, un autre scénario, cette fois sur l’hélizone. Les six stagiaires s’activent sur le grand H peint en blanc sur la zone d’atterrissage. Ils doivent marquer la zone d’un signal pour des avions de chasse leur indiquant d’abandonner leur mission. « Est-ce que quelqu’un peut placer une une balise jaune ? », lance le stagiaire qui joue le rôle du leader. « Non non non ! » intervient immédiatement l’instructeur. « On interpelle par le prénom et le grade. Et pas de est ce que! », conclut l’instructeur. Le juste équilibre entre mener efficacement un groupe tout en montrant du respect pour son équipe est difficile à trouver. « Mais souvent des profils naturels se distinguent », lors des sessions de stage. Mener à bien ces simulations requiert une vision et des consignes claires.
L’exercice sûrement le plus difficile est le retour d’expérience. Après chaque atelier, chacun des stagiaires qu’ils soient leader ou pas doit restituer à ses partenaires à l’oral, son retour d’expérience. « Faut pas que tu aies peur de t’imposer », dit l’une. « Camille a été un élément efficace », dira un autre.
Un stage de novembre à mai
En tout pour cette session, 17 jeunes de 16 à 21 ans sont répartis en groupe pour résoudre les missions qui leur ont été confiées. A chaque défi et chacun son tour, un stagiaire endosse le rôle du leader. Chaque élément de la journée est configuré pour mettre les jeunes au plus près de la réalité. La touche déjeuner y passe puisqu’ils auront droit à la ration de combat.
Tania, 16 ans, a intégré la Préparation militaire marine (PMM) en novembre. Ce n’est pas hasard que l’adolescente s’est tournée vers ce stage. « J’ai été élevée dans le milieu militaire. » Certes mais Tania découvre néanmoins la vie dans la Marine nationale. Elle découvre qu’une PMM existe en Martinique dans la Marine. Alors sans hésitation et avec beaucoup de curiosité, elle s’engage. « Le panel des métiers est très vaste dans la Marine. »
La PMM et son lot d’exercices sont, au-delà d’une précieuse ligne sur un CV, sont une expérience humaine notamment pour des adolescents. « On apprend le leadership, la vie en communauté. Cela m’a appris à maintenir un cadre professionnel et à bien me tenir », explique Tania. On y apprend l’art de manager. Un premier avant goût du monde de la hiérarchie de l’entreprise.
Instructeur des stagiaires et adjoint au ch
ef de centre, le maître principal Frédéric confirme. L’ancien marin-pompier « leur enseigne la solidarité et la vie en communauté. Ca fédère beaucoup. Il y a plus d’entraide entre eux. » Une façon de faire émerger les très recherchées compétences en savoir-être, les soft skills, que réclame le marché du travail.
Les 17 stagiaires découvriront tout ou presque de la Marine, visite de bateau, différents ateliers présents dans la base navale, une immersion dans le milieu militaire.
Ces jeunes peuvent aussi se projeter dans le monde militaire à l’image de Tania que le projet a séduit. Un classement aura lieu à la fin de la PMM. Les quatre premiers auront davantage de facilité à devenir réservistes par la suite.
La PMM des 17 stagiaires s’achèvera lors de la cérémonie du 8 mai à laquelle ils participeront. Ordre serré devant les familles et les amis. « Mes parents vont venir. Ca va être intimidant parce qu’il va y avoir aussi les autres unités », confie Tania. Après la cérémonie, les stagiaires recevront leur diplôme.
Laurianne Nomel