Les éléments du rapport remis par Pierre Egéa et Frédéric Monlouis-Félicité au président Emmanuel Macron concernant l’évolution institutionnelle des Outre-mer mettent en lumière plusieurs constats majeurs.
La situation économique et sociale de ces territoires demeure préoccupante malgré les efforts nationaux. Les économies ultramarines restent bloquées dans un modèle de comptoir postcolonial, caractérisé par une forte dépendance aux monocultures, telles que la canne à sucre et la banane aux Antilles.
Le rapport souligne également des blocages institutionnels importants. Les normes nationales sont souvent inadaptées aux réalités locales, comme les lois sur l’eau ou le littoral. L’autonomie excessive des agences de l’État limite par ailleurs l’efficacité des élus locaux, rendant difficile la gestion des problèmes quotidiens. Bien qu’une réforme institutionnelle soit jugée nécessaire, elle est considérée comme insuffisante pour répondre aux défis économiques structurels auxquels ces territoires font face.
Parmi les recommandations formulées, les experts insistent sur la nécessité d’un changement profond du modèle économique, au-delà des simples ajustements statutaires. Ils préconisent l’encadrement des marges arrière des distributeurs, qui atteignent parfois 25 % du chiffre d’affaires et nuisent aux producteurs locaux. La surrémunération des fonctionnaires, allant de 40 % à 108 %, est identifiée comme un facteur contribuant à l’inflation et devrait être réexaminée. Le rapport recommande également une réforme de l’octroi de mer et des dispositifs de défiscalisation, jugés peu efficaces, ainsi que la suppression de la tutelle de l’État sur l’adaptation des normes aux spécificités locales pour renforcer l’autonomie des territoires.
Enfin, le rapport propose des mesures transversales telles que des investissements dans des infrastructures modernes, une simplification des compétences entre l’État et les collectivités locales pour une gestion plus efficace, et le développement de partenariats économiques régionaux avec les pays voisins afin de stimuler les échanges.
En conclusion, le document plaide pour un véritable “choc économique et institutionnel” afin de prévenir les crises sociales récurrentes, freiner l’exode des jeunes, et éviter une stagnation durable. Toutefois, les réformes envisagées exigeront une forte volonté politique et devront surmonter des résistances significatives, notamment sur les sujets sensibles de la surrémunération des fonctionnaires et des monopoles économiques locaux.
Gdc