Alors que les relations entre la France et l’Algérie traversent une crise diplomatique majeure, exacerbée par l’expulsion controversée d’un influenceur algérien, un sondage Ifop réalisé pour Sud Radio offre une radiographie précise de l’opinion publique française sur cette relation complexe. Menée les 14 et 15 janvier 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes, cette étude met en lumière des perceptions marquées par la défiance et le déséquilibre.
Analyse des résultats
Une perception largement négative de l’Algérie
Selon le sondage Ifop-Fiducial, 71 % des Français ont une mauvaise image de l’Algérie, contre 32 % pour le Maroc et 40 % pour la Tunisie. Cette perception négative est dominante dans presque toutes les catégories socio-politiques. Seuls les sympathisants de La France insoumise (LFI) se démarquent avec une majorité (58 %) exprimant une opinion positive sur l’ancienne colonie française. Ce contraste pourrait refléter une sensibilité particulière à l’héritage colonial et aux enjeux géopolitiques historiques.
Une coopération perçue comme à sens unique
Près des trois quarts des répondants (74 %) estiment que l’Algérie tire davantage de bénéfices de la coopération franco-algérienne que la France, un sentiment déjà observé lors d’études similaires il y a plus de 50 ans. Les électorats de droite, notamment les sympathisants des Républicains (94 %) et du Rassemblement National (83 %), sont particulièrement critiques à cet égard, tandis que les électeurs de gauche, comme ceux de LFI, se montrent plus partagés, influencés par une lecture anticolonialiste des relations internationales.
La diaspora algérienne et son rôle dans l’économie française
Sur le plan économique, 60 % des Français jugent que les Algériens vivant en France ne sont pas importants pour l’économie nationale, une proportion en hausse par rapport à 1994 (54 %). Cette perception est toutefois nuancée chez les jeunes de moins de 25 ans (55 %) et les cadres (54 %), qui reconnaissent davantage la contribution des ressortissants algériens.
Un soutien fort aux mesures de fermeté
Les Français expriment un soutien significatif aux mesures restrictives envers l’Algérie. Par exemple, 61 % des sondés approuvent la révocation de l’accord franco-algérien de 1968, qui accorde des facilités en matière de regroupement familial et d’installation. Par ailleurs, 64 % soutiennent la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, signe d’une volonté de redéfinir les alliances géopolitiques dans la région.
Ces résultats illustrent une relation franco-algérienne marquée par un déséquilibre perçu et une défiance croissante de l’opinion publique française. Alors que la crise diplomatique s’enlise, ce sondage appelle à une réévaluation des politiques bilatérales, axée sur la recherche d’une coopération plus équitable et respectueuse des intérêts mutuels.
Sources :
- Sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio, réalisé les 14 et 15 janvier 2025.
- Rapport détaillé : « Le regard des Français sur les relations franco-algériennes », publié en janvier 2025.