Surpêche, mythe de la “pêche durable”, recours à l’esclavagisme… En une heure et demie, le documentaire Seaspiracy, accessible sur la plateforme de streaming Netflix depuis fin mars, plonge le spectateur dans les secrets les plus sombres et dissimulés de la pêche industrielle. Le réalisateur l’admet lui-même : il n’avait aucune idée de ce qu’il allait découvrir.

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Le documentaire a été réalisé par l’équipe derrière “Cowspiracy” sur l’élevage industrielle.
Seaspiracy / Netflix

L’équipe derrière Seaspiracy est pourtant bien rodée. Elle est à l’origine du documentaire primé Cowspiracy (2014), qui explore l’impact de l’industrie de la viande sur l’environnement. Pour ce documentaire, disponible actuellement sur Netflix, l’équipe a cette fois largué les amarres du côté de la pêche industrielle.

Près de cinq millions de poissons prélevés chaque minute, dont 40 % de pêche accidentelle, jusqu’à 30 000 requins tués par heures. Dans un premier temps, le documentaire aligne les chiffres pharamineux de la surpêche. Avant de démonter les solutions miracles.

Les filets des pêcheurs passent entre les mailles

L’équivalent d’un camion de plastique est déversé chaque minute dans les océans. L’estimation est connue. Réduire le plastique, c’est important et boycotter les pailles par exemple est loin de suffire… Celles-ci ne représentent que 0,03 % des déchets des océans, avance le documentaire.

Le problème se cache ailleurs et surtout du côté du secteur de la pêche industrielle. Le vortex de déchets plastique du Pacifique nord est en réalité composé à 46 % de filets de pêche abandonnés. Filets qui se retrouvent in fine dans les estomacs des cétacés ou emprisonnent jusqu’à la mort des animaux marins.

Le mythe de la pêche durable

Le mythe le mieux rodé est sûrement celui de la pêche durable. Dans le secteur, les critères de durabilité sont flous. Les labels comme Dolphin Safe, qui affirme protéger les dauphins des captures accidentelles, ou le très connu MSC, censé “garantir” que le poisson a été pêché d’une manière responsable, n’offrent en vérité absolument aucune assurance.

Une réalité non démentie pas l’Earth Island Institute qui attribue le label Dolphin Safe. Le spectateur reste scotché par une interview d’un membre de l’Institut, Mark Palmer, qui explique sans sourciller qu’”on ne peut rien garantir”. “Une fois que le bateau est en mer comment savoir ? Des observateurs sont parfois à bord mais ils peuvent être soudoyés”, admet-il. Ou tués. Plusieurs cas ont été dénombrés à travers le monde.

L’esclavagisme dans les pêcheries

Et dans le milieu de la pêche, le sang coule. Le documentaire révèle une face encore plus sombre et  dissimulée de l’industrie de la pêche : l’esclavagisme. Face au déclin des prises de poisson, certaines pêcheries ont recours au travail forcé pour continuer à être rentable. Le réalisateur entre en contact avec des évadés thaïlandais qui sont parvenus à larguer les amarres avant d’avoir été “jetés par-dessus bord”. “Beaucoup de produits de la mer proviennent de l’esclavage” souligne l’un d’entre eux, sans que des chiffres ne soient avancés.

Un triste constat, alors que les océans restent notre meilleur allié pour lutter contre le réchauffement  climatique. Ils sont le plus grand puit de carbone sur notre planète –  menacé aujourd’hui par le chalutage – et produisent 85 % de l’oxygène que nous respirons. Pour Cyril Gutsch, de la plateforme Parley for the Ocean, le résultat de l’équation est évidente. “Si on gagne cette guerre on va perdre, car l’humanité ne survivra pas si les océans meurent”.

Pauline Fricot, @PaulineFricot

 

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