Lors de la session, mercredi, le président de la CTM a annoncé vouloir supprimer l’octroi de mer sur plusieurs centaines de produits de première nécessité.
Depuis plus d’une semaine la Martinique est secouée par des revendications. Le collectif RPPAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéennes ) exige un alignement des prix de vente des produits alimentaires avec ceux pratiqués dans l’Hexagone. En effet, une enquête de l’Insee révèle que les Martiniquais paient 40% plus cher leur panier alimentaire. Pour se faire entendre, le collectif cible les grandes surfaces de l’île, organisant des barrages devant ces magasins.
Une expérimentation sur trois ans
Ce mouvement populaire a fait réagir la CTM (Collectivité territoriale de la Martinique). Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la CTM a annoncé ce mercredi qu’il souhaite supprimer l’octroi de mer sur des produits de première nécessité. L’expérimentation devrait se dérouler sur trois ans.
« Nous nous associons à la lutte contre la vie chère dans le cadre de la lutte contre la misère », a-t-il commencé. Le président n’a pas mis en cause l’octroi de mer dans la cherté de la vie. « On a démontré que l’octroi de mer n’a pas de responsabilité exactement. »
Une mesure qui sera validée au début du mois d’octobre
La mesure n’en est qu’à ses débuts. Le dossier doit être présenté en plénière le 3 octobre. La CTM a décidé d’utiliser l’octroi de mer comme un outil fiscal de dynamique de développement. 54 codes douaniers qui représentent plusieurs centaines de produits devraient être exonérés. Cette mesure n’est pas sans condition. La CTM demande à ce que l’Etat baisse la TVA sur ces produits. Une mission de contrôle devrait voir le jour. « Nous n’avons pas la lisibilité et la transparence sur les conséquences de la diminution y compris pour les aides de l’Europe et les exonérations que nous faisons annuellement. »
La CTM conditionne sa baisse de l’octroi de mer à des réponses précises avant la plénière, début octobre. La collectivité se dit ouverte à discussions avec chaque instance.
« C’est assez paradoxal, que dans ce pays où le PIB est de 27 000 dollars par habitant et qu’on ait un taux de pauvreté assez grave », fait remarquer le président. Le taux de pauvreté en Martinique s’élève à 27%, deux fois plus que dans l’Hexagone. Serge Letchimy interprète ces chiffres comme une inégalité de la répartition des richesses. « L’heure est venue d’une restructuration de l’économie locale. J’invite les acteurs économiques mais aussi l’Etat et ceux qui maîtrisent les chaînes logistiques à voir la Martinique autrement qu’en un lieu où l’on peut faire de la pwofitasyon », conclut Serge Letchimy.
Laurianne Nomel