Ce samedi 21 juin, les jardins du ministère des Outre-mer se sont métamorphosés en un véritable carrefour culturel et festif, réunissant des artistes venus de tous les horizons ultramarins pour cet événement créé en 1982 par Maurice Fleuret directeur de la musique et de la danse sur une proposition de Jack Lang alors Ministre de la Culture. Le 1er groupe qui a joué à cette époque était 6 eme continent de Kali. Notre envoyé spécial Roland Dorival a assisté à cette édition 2025 de la Fête de la Musique, orchestrée par Eric Bassey et son équipe d’Aztek Musique, et présenté par Laura Beaudy, ex chanteuse des 12 Salopards. Entre rythmes caribéens, polyphonies polynésiennes et voix lyriques, la soirée a tenu toutes ses promesses, rassemblant un public dense et enthousiaste autour de talents aussi divers que représentatifs des territoires ultramarins français.
Une programmation métissée, reflet des Outre-mer
Conformément à l’engagement pris en janvier, le ministère de la rue Oudinot a ouvert ses portes à la diversité musicale ultramarine dans une ambiance chaleureuse et accessible. Sur scène, se sont succédé Yoan, Ofa Mako, Lizi, Kimsé, Jim Rana, Titiaah, Fabienne Reine, Fred Deshayes, Les Frères Timal, Ji Kann’, Saïna Manotte, Ambre Ever, DJ Slamky, pour ne citer qu’eux.
À l’origine de cette programmation : Eric Bassey, directeur d’Aztek Musique, qui n’en est pas à son coup d’essai. “Cela fait une quinzaine d’années qu’on organise cette fête au ministère”, explique-t-il. Son objectif ? Offrir une palette aussi large que possible de la création musicale ultramarine, tout en respectant un budget contraint : “Le ministère est soucieux de l’argent public, et c’est une bonne chose. Ça nous pousse à faire preuve d’ingéniosité”.

Des contraintes techniques surmontées avec brio
L’un des défis majeurs de l’organisation : limiter les changements de scène. “Faire jouer plusieurs groupes, c’est très compliqué logistiquement. Chaque changement de plateau prend beaucoup de temps”, précise Bassey. C’est pourquoi les musiciens du groupe Ji Kann’ ont accompagné la majorité des artistes, permettant une fluidité rare sur ce type d’événement.
L’énergie du Pacifique avec Ofamako
Parmi les moments forts de la soirée, la performance de la toute jeune troupe Ofamako, fondée en janvier 2025 par Emilinda Motupo, a suscité une vive émotion. Originaire de Wallis-et-Futuna, cette troupe composée de jeunes de 20 à 27 ans a transmis toute la force et la beauté de sa culture insulaire. “Le public nous a donné le malin, cette énergie qui porte la danse”, témoigne la présidente de la troupe. “C’est une vraie fierté de voir des jeunes porter cette culture avec autant de passion, loin de chez eux”.

Les voix lyriques des Outre-mer
Autre moment marquant : la prestation du projet Les Voix des Outre-mer porté par Fabrice Di Falco, mêlant airs d’opéra (comme Les Contes d’Hoffmann) et chants traditionnels. Cette alliance entre classique et culture populaire ultramarine a été saluée par les spectateurs. “C’est important que les talents d’Outre-mer soient reconnus aussi dans des genres comme le lyrique”, a déclaré une spectatrice enchantée.
Les projets à venir : une dynamique bien lancée
Outre cet événement, Aztek Musique poursuit son travail de fond dans la production. Plusieurs projets sont déjà dans les tuyaux, dont un album de Malavoi prévu pour 2026, un EP de Saïna Manotte, et une collaboration prometteuse entre Anthony Drew et Vanessa Désiré, dont le single a déjà fait un démarrage remarquable. “Notre cœur de métier reste la production. Ce genre d’événement vient en complément”, précise Eric Bassey.
La parole aux artistes : Bako Balthazar, témoin engagé
Présent parmi les invités, Bako Balthazar, musicien et percussionniste reconnu, a tenu à venir “honorer [ses] potes”. Bien qu’il ne se produise pas cette année, il souligne l’importance de ce rendez-vous : “Le 21 juin, c’est une belle fête pour tous les musiciens.” Il en a profité pour parler de son futur album Obijoul, à paraître fin 2025, fruit d’une collaboration avec une pléiade d’artistes majeurs de la scène afro-caribéenne comme Thierry Vaton, Etienne Mbappé ou encore les frères Fanfan.
Une fête, un symbole
Plus qu’un simple événement musical, cette Fête de la Musique au ministère des Outre-mer a pris des allures de manifeste : manifeste pour la visibilité des cultures ultramarines, pour la pluralité des talents, et pour une France des trois océans qui s’affirme par l’art et la fête.
Un succès populaire, sobrement organisé, mais riche en émotions et en promesses.