Quoi de plus naturel pourtant que de faire de l’électeur l’arbitre suprême en cas de doute sur l’interprétation d’un scrutin?
Le choix du moment est discuté, au motif que le Rassemblement National, étant actuellement donné probable vainqueur de l’élection, le Président de la République aurait dû attendre une date plus favorable aux Partis dits « de Gouvernement ».
Personne ne peut dire quelle serait cette date, ni quels seraient les résultats d’une élection reportée aux calendes grecques.
Deux observations, entre beaucoup d’autres, peuvent être faites.
La première est d’ordre technique, l’autre d’ordre politique.
D’abord, la France se distingue comme le pays où le nombre de lois et de normes émanant du Parlement, et qui ligotent l’activité des uns et des autres, est le plus élevé.
N’aurait-il pas été opportun de garder la même Assemblée jusqu’en 2027, en la limitant à voter deux ou trois lois par an, celles liées liées au budget général et au budget social, éventuellement par l’utilisation de l’article 49.3?
Le reste du temps aurait pu être utilisé à exercer une fonction parlementaire scandaleusement négligée, celle du contrôle de l’application, ou de la non application, des milliers de lois que nul n’est censé ignorer et que personne ne connait totalement?
La deuxième observation relève de la science politique la plus élémentaire.
Les partis auto-proclamés « de gouvernement » devraient faire preuve d’une certaine modestie dans leur évaluation de la situation actuelle.
N’est-ce pas leur incapacité à régler les problèmes posés à la France depuis plus de cinquante ans qui a conduit à la montée des autres Partis, dits d’extrême gauche ou d’extrême droite, donc réputés interdits de gouvernement, même s’ils recueillent au total une forte proportion, voire une majorité des voix à diverses élections?
Tous ceux qui ont participé au pouvoir au cours des dernières décennies ont donc une part de responsabilité dans la crise déclenchée le 9 juin par le Président de la République.
Dans la conjoncture actuelle, la meilleure solution, que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer, reste celle d’un gouvernement d’union nationale, auquel doivent participer toutes les formations présentes à l’Assemblée.
Quelques responsables politiques nationaux se déclarent prêts à aller dans cette direction.
Souhaitons qu’ils soient entendus, car les divisions françaises risquent de coûter cher au pays au cours des prochains mois.
La valeur première pour bâtir l’avenir n’est-elle pas la paix civile?
L’histoire fournit de nombreux exemples de peuples qui se sont déchirés pendant des siècles, et qui sont parvenus à construire la paix, au bénéfice de tous.
Maurice Laouchez