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    Tribune de Fernand Fortuné – Chalvet 74 Extrait de ma nouvelle “L’ombre du Fromager”( 1988)

    février 5, 2024Aucun commentaire
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    “L’Ombre du Fromager” est une nouvelle incluse dans le recueil “Pas de deux”. (2 ème édition 1999).

    EXTRAIT DE SON LIVRE ENVOYÉ PAR FERNAND FORTUNÉ

    COMMENCER À LA PAGE 79, AU 3éme paragraphe (En rouge)

    Photo : le cercueil d’Hilmany

    …ensemble, chaque fleur touchée, chaque arbre caressé soit en relation avec un geste tendre, une parole sucrée, un frisson insupportable, un silence troublant, un cri d’émerveillement, autant de souvenirs inoubliables. Il en avait donc fini avec son attirail usé d u séducteur aux succès faciles, et sans regretter vraiment le passé, ni jeter aux oubliettes les femmes qu’il avait connues, il était heureux de sentir monter en lui la force de sentiments jusqu’alors inconnus qui lui donnaient plus d’assurance et renfor- çaient sa personnalité.

    …en ce moment précis, ils sont silencieux dans la voiture et chacun de son côté, ils pensent à la plénitude de l’amour physique et attendent, sans se le dire, que ce jour arrive. Ils l’appellent de tous leurs vœux. Cette attente est à la fois supplice et délice. Ils ont tout le temps d’y penser dans les embouteillages de Fort de France ce lundi à dix huit heures. Epouvantable! damnation des damnations! exécrable! incroyable! Cé pa posib! Ils veulent prendre la vedette pour traverser la Baie des Flamands, gagner la Pointe du bout et boire un verre à la Marina. Il leur faut prendre leur mal en patience; supporter les invectives et les jurons de ceux qui sont très pressés; subir avec philosophie les slaloms de ceux qui sont plus malins ou débrouillards; encaisser en silence les files nouvelles qui s’ouvrent même sur les trottoirs ou les bas-côtés; constater avec calme et sang-froid l’indiscipline de ceux qui ont toujours raison dans leur belle auto.

    Pour faire passer le temps, il lui propose d’écouter une cassette, pas de la musique, mais une conversation qu’il avait enregistrée, il y a bien des années, dans la campagne du Lorrain.

    “…Tu sais, dans le mitan de la campagne-là, le silence seul il y a. En tout cas, ce matin-là, pas même le ti-vent des ailes d’une libellule. Moi j’aime ça le matin dans ma campagne.

    (silence) J’étais bien là moi-même qui te parle là.

    J’écoutais la radio, la musique descendait et faisait ses affaires. Une belle musique pour passer un bon moment et qui fait le travail aller sans qu’on voit, sans qu’on sent la fatigue. (silence et soupirs).

    Quand je songe ce qui s’est passé, tout ça qui est arrivé, je dis dans mon corps, le ciel était trop beau, ça ne pouvait pas conti- nuer comme ça.

    Avant ça, même si on disait comme ça sans réfléchir “pa ni problèm”, on savait bien que la vie c’était pas ça. Maison tenait, on espérait toujours. A la volonté de Dieu! La Vierge Marie m’en- tend! (la voix est plus faible). Mais al déveine c’est un nègre! pas de chance pour nous. Enfin ej dis ça, mais c’est vrai. C’est pas vrai? han? (plus fort) La déveine c’est un nègre, je te redis. Nos dents à l’ablani, c’est comme les tétés debout, pour un temps. La-même après la joie, la malchance qui tombe sur nous pour un bon bout de temps. (silence. Les bruits que l’on entend

    sont caractéristiques de ceux du linge lavé à la main avec un morceau de savon). Et pis tu attends, tu attends encore pour espérer le soleil, pour espérer le soleil rentre dans ton cœur.

    Ah! mon Dieu! Aidez-nous! Quel temps ça vafinir tout ça? Enfin!

    Mais je me rappelle encore très bien comment j’ai vu le malheur tomber sur nous tout bonnement, sans crier hak ! Ouelle personne aurait pu imaginer cette journée-là aurait été si tant-tellement terrible? Terrible même, je te dis ! Quelle personne aurait prédit un drame comme ça? Personne mon cher. Du tout pas. (silence – on entend un coq chanter). Et bien, puiss’ tu m’as demandé, je vais te dire ce qui est arrivé.

    – Mon ti-bolhomme était dans l’eau dans la bassine j’avais mis des feuilles dedans pour le rafraîchir pour qu’il dort bien. (la voix est soudain gaie) Jouait qu’il jouait et il était content même. Et bien je venais de le dire sors dans le soleil chaud pour que tu attrapes pas l’insolation. Viens j’avais crié sur lui sors dans l’eau pour que la grippe tombe pas sur toi. Et pis j’ai entendu comme si dirait un bruit de gros vonvon. J’ai levé mes yeux en l’air etj’ai vu l’hélicoptère de al gendarm’rie qui vient sur moi. J’ai pris peur et j’ai pris courir pour râler l’enfant dans la maison. J’ai fermé à clé, mais j’ai laissé quand même une persienne ouvert pour veiller ce qui se passe dehors. l’ai entendu clac clac clac clac comme des coups de fusil. J’ai pris peur même je te dis.

    J’ai regardé vitement quelle heure est-il et j’ai fait nu signe la croix et j’ai demandé mon Dieu pardon. (silence). Avrès j’ai pris ma tête dans ma main et je me disais dans mon esprit c’est quoi qu’il y a han ? c’est quoi bon dieu, je me disais et la tremblade m’a pris et j’ai serré l’enfant fort même sur mon cœur fort même sur mon cœur. (soupir, long soupir) Il a crié. Je l’avais serré fort même tellement que je me suis surpris moi-même. Fiche que j’avais peur, messieurs, tu peux le dire. Mon Dieu me punit si je mens. Sur la tête de ma mère!

    Par la persienne, j’ai vu un grand courir par-ici par-là. Les hommes sortaient dans les champs de bananes-là. Couraient qu’ils couraient, criaient qu’ils criaient, hélaient qu’ils hélaient en moué. J’ai levé mes veux en l’air encore comme je pouvais. Sur la tête de mon enfant! l’hélicoptère tirait sur les malheureux. J’ai couru moi-même là avec mon ti-bolhomme me serrer dans le fond de la maison, dans le fait-noir de ma chambre et j’ai attendu mon homme pour il me dit c’est quoi qui se passe. Mon cœur faisait boudoum boudoum dans le fond de mon corps et je sens la faiblesse qui me prenait… » (Sanglots puis long soupir, silence prolongé)

     La cassette s’arrêta. Un silence désagréable suivit.

    Il était tendu et réfléchi. Puis, il la regarda pour lui raconter Hilmany et Marie-Louise. Février 1974. Lieu-dit Chalvet, Fond brûlé. Martinique. Caraibe.

    Elle était suspendue à ses lèvres.

    Hilmany avait-il dit dans un sanglot mal étouffé, car il semblait souffrir dans sa chair le drame terrible de ce jour-là. Marie-Louise la jeunesse prometteuse, le martyr. Un mystere ne cessa-t-il de répéter pendant un bon moment. Un mystère?

    Son regard s’était fait soudain plus dur, mais aussi plus convaincant et elle lui avait souri tristement pour lui faire comprendre qu’elle voyait clair sur les chemins du Pays qu’il allait ouvrir devant elle.

    Incroyable, mais vrai!

    Contre la misère, contre l’injustice, contre les criantes inégalités, la Campagne est enfin descendue piétiner le bitume noir de la ville opulente et joyeuse en ces temps de Carnaval. La Campagne droite et fière qui tient le Pays à bout de bras et lui donne un semblant d’existence, réclame son dû pour la peine et la dignité. Et l’histoire d’autres combats du début du siècle lui revient en mémoire et elle exige en chantant, deux francs, trois francs pour vivre.

    Hilmany-la-joie !

    Marie-Louise, le Pays à venir !

    Et puis le lendemain au milieu des champs de bananes, dans les champs d’ananas, s’est refermé le piège ourdi par la ville, dans la fumée des cabinets secrets ou à l’ombre des coffres-forts. Piège cynique, odieux, d’un autre siècle ! Comme suspendue dans le vide sur le fil de ses paroles, elle avait le vertige et n’osait pas le croire. Elle ne voulait pas croire ce qu’il lui révélait. Quoi ! Dans son Pays, en 1974 ! Non, ce n’est pas possible que les choses se soient passées au nom de la civilisation et du maintien de l’ordre.

    Hilmany nous-mêmes, le pays-même, abattu comme un chien.

    Marie-Louise, le sang même de notre cœur, la sève rayonnante du Pays, meurtri, malmené, blessé à mort.

    Et ce grand Cri du Pays lui a-t-il dit en serrant sa main très fort. Ce grand cri du pays révolté, étourdi. Ce cri plein de haine qui demande vengeance et appelle d’autres lendemains à forger pour nous-mêmes, par nous-mêmes. Il se souvenait aussi du silence recueilli dans le cimetière. Le pays calme et réfléchi. Ce Pays qui sait si bien pourtant que « la mort ne se trouve ni en deçà, ni au-delà, mais qu’elle est bien à côté, industrieuse”, ce Pays ne comprend toujours pas.

    Et le Pilotin debout devant la tombe, véritable douleur vivante, prête serment de ne pas oublier.

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