Le parang fait partie de la bande-son de Noël à Trinité-et-Tobago depuis des générations, mais tout a changé en 1978 lorsque le hit révolutionnaire de Crazy, Parang Soca, a pris d’assaut les îles. La suite, comme le raconte Laura Dowrich, appartient à l’histoire.
Par Laura Dowrich-Phillips | Numéro 185 (novembre/décembre 2024)
À une époque, Noël à Trinité-et-Tobago, comme dans une grande partie des Caraïbes, était dominé par des chansons évoquant la neige, le gui et la tarte à la citrouille. Les voix de Bing Crosby, Frank Sinatra, Nat King Cole et Perry Como résonnaient à la radio tandis que les habitants s’activaient sous le soleil chaud des Caraïbes.
Cependant, T&T avait déjà sa propre musique de Noël : le parang. Ce genre folklorique, chanté en espagnol, avait été introduit à Trinité par des migrants vénézuéliens, cultivateurs de cacao, au XVIIIᵉ siècle. Malgré ce riche héritage culturel, des classiques comme White Christmas et There’s No Place Like Home for the Holidays restaient incontournables.
Après l’indépendance en 1962, T&T cherchait une identité nationale, ce qui entraîna une transition vers des productions musicales locales. Des chansons comme Around my Christmas Tree de Lennox Gray et Listen Mama de Nap Hepburn reflétaient un Noël typiquement trinidadien.
Puis, en 1978, tout bascula. Edwin Ayoung, connu sous le nom de scène Crazy, combina les instruments traditionnels du parang avec les rythmes du soca, donnant naissance au parang soca. Sa chanson Parang Soca (souvent appelée Maria) a marqué un tournant, bien que le mélange ait été d’abord critiqué par la communauté du parang traditionnel.
À partir des années 1980, des artistes comme Singing Francine, Scrunter et Baron ont popularisé le genre, qui prospère encore aujourd’hui. Les chansons de soca parang continuent de captiver un public multigénérationnel et de donner vie à l’esprit festif, tout comme All I Want for Christmas Is You de Mariah Carey aux États-Unis.