Des babioles ou de véritables trésors, Unclamed Baggage découvre de tout dans les valises qu’elle achète au kilo. | Gho Rhy Yan via Unsplash

Depuis 1970, l’entreprise fait son business en monnayant les bagages égarés dans les aéroports.

Parmi les 4,3 milliards de bagages qui transitent tous les ans dans les aéroports, environ 25 millions sont perdus et 0,03% d’entre-eux ne seront jamais retrouvés par leurs propriétaires.

Pour autant, ces valises ne s’empilent pas pour toujours dans le département des objets trouvés. Elles ne sont pas non plus jetées ni données. Aux États-Unis, elles sont vendues, généralement à Unclaimed Baggage, «le seul détaillant de bagages perdus» d’Amérique.

Les sommes ainsi récupérées permettent d’éponger une (petite) partie des plus de 2 milliards de dollars [1,7 milliard d’euros] dépensés annuellement par les aéroports pour retrouver ces sacs ou dédommager la clientèle.
L’immense entrepôt de 40.000 mètres carrés de l’entreprise se trouve dans la petite ville de Scottsboro, dans l’Alabama, et contient des milliers de trésors perdus en cours de route, des instruments rares aux bagues de fiançailles.

Avec un million de visites par an, plus de 150 employé·es et un solide modèle économique, Unclaimed Baggage n’a cessé d’étendre son monopole depuis sa création en 1970, au point de devenir l’une des attractions touristiques de la région.

Stradivarius au kilo

L’entreprise fait ses acquisitions à l’aveugle: elle achète les valises au kilo ou à l’unité, à des prix ou des conditions dont les détails sont jalousement gardés secrets et sans rien savoir de leur contenu. Une fois les millions de kilos de bagages arrivés dans leurs entrepôts, les affaires qu’ils transportent sont classées en trois catégories: revente, réutilisation, don et recyclage ou mise au rebut.

L’éthique d’un tel commerce est bien sûr très complexe à défendre. Comment justifier de ne pas retrouver le ou la propriétaire d’un bagage, avec les moyens de communication modernes dont nous disposons? «Nous sommes un business», témoignait Hugo Doyle Owens, le créateur de l’entreprise à un reporter du Wall Street Journal en 1994. «Nous ne sommes pas fait pour retrouver la Samsonite de votre tante Jane.»

Des client·es ont donc été forcé·es de (r)acheter des objets qui leur avait appartenu afin de les récupérer –ou d’abandonner leurs revendications sur un bien dans le cas ou une autre personne l’avait acquis. Or, les pièces les plus précieuses pour l’entreprise sont souvent parmi les plus chargées en émotions et souvenirs: les valises contenant des bagues de fiançailles, des alliances ou des robes de mariées notamment.

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