La Martinique, confrontée à un taux de chômage de 10% en 2023, cherche activement des solutions pour revitaliser son marché de l’emploi. Dans cette optique, la signature d’une convention stratégique entre la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Martinique et France Travail Martinique se présente comme un levier d’action prometteur. Cette collaboration vise non seulement à faciliter l’accès à l’emploi pour les Martiniquais mais aussi à soutenir les secteurs clés de l’économie insulaire. Nous avons rencontré Stéphane Bailly, directeur régional de France Travail, une des figures centrales de cette initiative, pour discuter des perspectives d’avenir et des mesures concrètes mises en place pour faire face aux défis actuels. Nous reviendrons dans un autre article sur l’autre convention signée ce jour en présence de Mr le Préfet et des présidents des CCI Martinique et France.


Monsieur Bailly, aujourd’hui a eu lieu la signature d’une convention de coopération entre la CCI Martinique et France Travail Martinique. Pouvez-vous nous en dire plus sur les objectifs stratégiques communs définis dans cette convention ? Comment vont-ils concrètement faciliter les recrutements et soutenir les entreprises martiniquaises, notamment dans les secteurs en tension ?

M. Bailly : Cette convention de coopération entre la CCI Martinique et France Travail Martinique comporte plusieurs axes stratégiques pour accélérer et faciliter les recrutements des entreprises martiniquaises.

Premièrement, nous allons mobiliser et faire connaître l’ensemble des services d’aide au recrutement à travers des plans d’action locaux communs dans chaque territoire. Cela permettra de mieux coordonner nos actions et d’être plus efficaces auprès des entreprises.

Deuxièmement, nous allons accompagner de façon plus soutenue les entreprises dans leurs besoins en recrutement, surtout dans les secteurs dits “en tension” comme l’hôtellerie-restauration, le BTP ou la santé. Dans l’hôtellerie-restauration, il y a pénurie de serveurs, cuisiniers et de certains métiers spécifiques aux hôtels. Dans le BTP, il manque des maçons, des conducteurs de travaux. Et dans la santé, ce sont plutôt les métiers les plus qualifiés qui posent problème. Nous allons donc travailler au plus près des bassins d’emploi pour répondre à ces difficultés.

Stéphane Bailly, directeur France Travail Martinique
Stéphane Bailly, directeur France Travail Martinique

Troisièmement, nous souhaitons favoriser une approche inclusive des recrutements, pour élargir le vivier de candidats potentiels. Nous travaillons déjà avec les DRH sur de nouvelles méthodes comme le recrutement par habilités, sans CV, ou le concept du “Stade vers l’emploi” où les candidats et recruteurs font du sport ensemble avant les entretiens. L’idée est de favoriser l’insertion durable de publics comme les bénéficiaires du RSA, les travailleurs handicapés ou les jeunes.

Enfin, nous encourageons la création et la reprise d’entreprises, qui sont des viviers importants d’emplois en Martinique. Nous allons simplifier les démarches pour les porteurs de projet.

Pouvez-vous nous détailler les chiffres du chômage en Martinique actuellement ? Où se situe la Martinique par rapport aux moyennes nationales ?

M. Bailly : Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A, B et C s’élève à 41 000 personnes, dont 4700 jeunes de moins de 25 ans. Cela représente un taux de chômage d’environ 10%. Ce taux est supérieur à la moyenne nationale, qui est autour de 7,5%, mais reste inférieur à d’autres régions ultramarines où il peut monter jusqu’à 25%. Cependant, on constate une baisse du chômage grâce à la création de 1200 emplois salariés supplémentaires cette année en Martinique.

Quels sont les prochaines étapes et les indicateurs qui permettront d’évaluer l’efficacité de cette convention ?

M. Bailly : Nous nous réunirons d’ici 6 mois pour faire un premier bilan des actions menées dans le cadre de cette convention, et voir comment nous pouvons amplifier notre coopération. Nous travaillons déjà main dans la main sur des événements comme “Martinique sur l’emploi” prévu en septembre 2024, ou “La course pour l’emploi” qui favorisent les rencontres directes entre recruteurs et candidats.

Les indicateurs clés seront le nombre d’entreprises accompagnées, le nombre de recrutements facilités, et l’évolution du taux de chômage dans les mois qui viennent. L’idée est vraiment d’unir nos forces pour maximiser notre impact positif sur l’emploi en Martinique.

Propos recueillis par Philippe Pied

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