- C’est depuis l’autel de la basilique Saint-Pierre, en ce dimanche 20 avril 2025, que les mots du pape François ont retenti une ultime fois dans la liturgie. Trop affaibli pour célébrer la messe pascale lui-même, il avait confié la lecture de son homélie au cardinal Angelo Comastri, vicaire général émérite du pape pour la Cité du Vatican, en qui il avait toute confiance.
Ce texte, profondément habité, sonne aujourd’hui comme un testament spirituel. À la manière d’un dernier souffle, il résume, dans un langage à la fois simple et dense, l’orientation de tout un pontificat.
François y interroge avec gravité ce que signifie réellement « chercher le Christ ».
«Ce n’est pas le garder dans un tombeau, ni le transformer en souvenir figé ou en tradition morte, écrivait-il. Chercher le Christ, c’est accepter d’être dérangé par lui, mis en mouvement, appelé à sortir. » La résurrection, loin d’être un simple dogme ou un événement passé, devient chez lui une exigence actuelle, une convocation intérieure à changer de regard, de vie, de posture.
« Le tombeau est vide, insistait-il. Et ce vide, loin d’être une absence, est une invitation : le Christ vous précède, toujours, là où vous ne l’attendez pas. » Fidèle à son intuition fondamentale – celle d’un Dieu qui se laisse trouver dans les marges – François invitait une fois encore les fidèles à quitter leurs sécurités : « Ne le cherchez pas dans les palais ni dans les certitudes, mais dans les blessures du monde, dans les larmes de ceux qui espèrent encore, dans les mains ouvertes de ceux qui partagent. »
Il appelait avec une douceur ferme à « une foi qui marche, qui écoute, qui sert »,
exhortant chacun à « sortir de soi pour aller à la rencontre de l’autre, comme Marie Madeleine courant hors du jardin, comme les disciples d’Emmaüs sur la route, comme Pierre au bord du lac ». La foi, pour François, ne se comprend jamais comme possession, mais comme mouvement. « Le Ressuscité ne s’impose pas, il appelle. Il se laisse reconnaître dans le geste du pain partagé, dans la voix de celui qui console, dans la vie rendue à ce qui était mort. »
Cette homélie pascale, la dernière, est marquée par un ton d’une grande intériorité.
Aucun appel spectaculaire, aucune dénonciation directe. Juste une exhortation à vivre la joie pascale non comme un refuge mais comme une mission. « La paix qu’il vous donne, ce n’est pas celle du monde. C’est une paix qui vous désinstalle, qui vous pousse à relever les autres, à tendre la main, à pardonner, à recommencer. » Ce passage fut longuement applaudi dans la basilique, avec une émotion visible dans l’assemblée.
En conclusion, le pape écrivait : « Soyez des veilleurs dans la nuit, des porteurs de feu dans l’hiver du monde. Car c’est par vous, par votre témoignage, que le Christ ressuscité continue de vivre et d’aimer. »
À travers cette ultime parole publique, François aura confirmé jusqu’au bout la cohérence de son engagement pastoral : une Église tournée vers la vie, la rencontre, le service. Une foi qui ne s’abrite pas dans le sacré, mais qui s’aventure dans l’histoire, le réel, le quotidien. Une Église en mouvement, au rythme de l’Évangile vivant.