St. Lucia Times
par Keryn Nelson
Une jeune fille reçoit un message privé sur Instagram. L’expéditeur la complimente sur son apparence et prétend diriger une agence de mannequins en Dominique, impatiente de l’y faire venir pour travailler. Sachant que sa famille n’approuverait pas cette « opportunité », elle prévoit une fuite discrète, part et arrive sur l’Île de la Nature. Mais au fil des jours, elle se rend douloureusement compte qu’elle a été trompée : il n’y a ni contrat, ni travail, ni agence de mannequins.
Le chercheur Corey Sandiford a partagé cette anecdote mercredi lors d’une présentation de recherche de l’UNICEF. Il explique qu’elle est ressortie d’une étude qualitative réalisée dans le cadre de l’enquête 2025 de l’UNICEF sur les violences faites aux enfants, menée dans les pays de l’OECO, à la Barbade et dans les Îles Vierges britanniques.
C’est un exemple de la manière dont des mineurs peuvent être manipulés, contraints et exploités, notamment en ligne. C’est aussi le type de situation que l’UNICEF entend combattre, en identifiant les vulnérabilités, les incidents exposant les enfants à la violence, et les systèmes plus larges qui permettent ces abus.
En 2021, l’organisation avait déjà mené une autre étude qui révélait une augmentation de l’activité en ligne pendant la pandémie de COVID-19, créant un climat d’inquiétude autour du « grooming » (manipulation en vue d’abus), du harcèlement et du cyberharcèlement.
« On a vu toutes sortes d’auteurs d’abus sexuels sur enfants tenter d’entrer en contact via WhatsApp et d’autres réseaux sociaux. Le public doit en être conscient », a déclaré Sandiford.
Selon la dernière étude de l’UNICEF sur la violence contre les enfants dans la région :
- 37 % des personnes interrogées ne considèrent pas le grooming comme un problème majeur dans leur pays ;
- 27 % pensent que c’est un problème mineur ;
- 36 % ne savent pas si c’est un sujet de préoccupation.
Interrogés sur le harcèlement d’enfants, les résultats sont les suivants :
- 17 % le considèrent comme une préoccupation majeure,
- 30 % comme un problème mineur,
- 22 % estiment que ce n’est pas un problème,
- 31 % sont incertains.
Au-delà du grooming et du harcèlement, l’étude a aussi exploré les perceptions publiques sur le cyberharcèlement, les abus sexuels sur enfants et les enfants en conflit avec la loi.
Comprendre ces perceptions est, selon les chercheurs, essentiel pour déterminer les priorités en matière de législation et de politiques publiques. La sensibilisation du public et ses sentiments sont étroitement liés à la prévalence des abus sexuels sur enfants et à l’efficacité du traitement des cas par le système judiciaire et durant les enquêtes.
Accroître la sensibilisation pourrait favoriser un système judiciaire plus adapté aux enfants, surtout que, dans de nombreuses îles, des signalements restent non déposés ou stagnent pendant des années.
« Cela concerne même la personne qui répond au téléphone pour prendre un signalement », a déclaré un représentant de l’UNICEF. « Il est important qu’elle soit formée pour répondre de manière à encourager les gens à continuer de signaler. »
À l’avenir, les représentants de l’UNICEF souhaitent renforcer leur soutien aux gouvernements régionaux pour moderniser lois et politiques, sur la base des résultats de leurs recherches — comme ils l’ont fait en aidant la Barbade à mettre en œuvre sa loi sur la justice pour enfants, en soutenant la nouvelle législation scolaire de la Grenade et en développant des programmes d’accompagnement pour les aidants et de parentalité positive dans toute la région.
Réagissant aux inquiétudes sur le fait que certaines recherches restent sans suite, AbdulKadir Musse, représentant de l’UNICEF pour les Caraïbes orientales, a reconnu que, même si l’influence de l’agence onusienne sur les politiques est parfois limitée lorsqu’elle travaille avec des ministres, l’urgence reste primordiale.
« Sinon, dans cinq ans, nous referons une autre enquête. Puis nous ferons référence à celle-ci. Et rien ne changera. »
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