Des scientifiques viennent de découvrir une fuite active de méthane dans la mer de Ross en Antarctique. Si cette fuite, active depuis 2011 selon les estimations, ne serait pas liée au changement climatique, ils craignent la multiplication de ces dernières avec la fonte des glaces alors que le méthane est un gaz à effet de serre très puissant. 


Les tapis microbiens blancs sont des signes révélateurs de zones où le méthane peut être libéré.
Andrew Thurber Oregon State University.

Le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. Ses émissions ne cessent d’augmenter principalement relâchées par les secteurs des énergies fossiles et de l’agriculture. Mais les sources naturelles de méthane, qui représentent aujourd’hui 40 % de ses émissions, pourraient bien faire exploser les compteurs. Des chercheurs de l’université de l’Oregon viennent justement de découvrir, pour la première fois, une fuite de méthane dans les fonds marins de l’Antarctique, en mer de Ross. Cette dernière aurait débuté en 2011. Ils estiment qu’environ un quart du méthane marin de la Terre est situé en Antarctique.

Depuis des années les scientifiques craignent qu’avec le réchauffement climatique et la hausse de température des eaux, le gaz ne s’échappe des calottes glaciaires, libérant des quantités importantes de méthane. Selon les chercheurs de l’environnement qui ont publié leur étude dans la revue Proceedings of the Royal Society B, le réchauffement climatique n’est pas à l’origine de la fuite étudiée puisque la Mer de Ross est pour l’instant peu impactée par la hausse des températures. Mais ils ont pu faire une découverte majeure.

Une mauvaise nouvelle pour le climat

Il est couramment admis que le méthane qui s’échappe du fond marin est oxydé par des bactéries qui le “consomment” et l’empêchent de se diffuser dans l’atmosphère. Or, selon les analyses des chercheurs, il a fallu cinq ans à ses bactéries pour arriver sur place. “Ce qui est vraiment intéressant c’est que la communauté microbienne ne s’est pas développée comme nous l’avions prédit sur la base des autres fuites de méthane que nous avons étudié dans le monde “, a déclaré Sarah Seabrook, co-autrice de l’étude.

“Ce n’est pas une bonne nouvelle. Il a fallu plus de cinq ans pour que les microbes commencent à apparaître et même alors, il y avait encore du méthane qui s’échappait rapidement des fonds marins”, explique dans The Guardian Andrew Thurber, coauteur de l’étude. Jusqu’ici, les climatologues n’ont pas intégré ces données à leurs prévisions. “Nos résultats suggèrent que la précision des futurs modèles climatiques mondiaux pourrait être améliorée en considérant le temps qu’il faudra aux communautés microbiennes pour réagir à un nouvel apport de méthane”, affirment les chercheurs.

D’autant que l’Antarctique n’est pas le seul lieu concerné. Le permafrost, qui couvre environ 25 % des terres de l’hémisphère nord, abrite des quantités de méthane et de CO2 équivalentes à environ 15 années d’émissions humaines. Avec la fonte des glaces, ce sont ces volumes énormes qui pourraient ainsi être relâchés dans l’atmosphère.

Marina Fabre, @fabre_marina

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