Trois fois en un mois. Les revendications autour de la vie chère sont au cœur des préoccupations martiniquaises. Les acteurs de la distribution, les élus et la préfecture se sont réunis déjà deux fois pour se pencher sur la différence de prix entre la Martinique et l’Hexagone. Ce jeudi marquait la troisième rencontre et la première avec le RPPRAC qui avait lancé le mouvement revendicatif.
La troisième fois sera la bonne. Le RPPRAC, le collectif qui s’érige contre la vie chère n’a cette fois pas quitté la table ronde. Sa demande a été exaucée. Les propos liminaires sont filmés en direct et les débats, partie plus technique seront enregistrées. Depuis le début des négociations, le RPPRAC exigeait la retransmission des débats, une requête refusée par deux fois par le préfet. D’ailleurs, ce n’est pas dans les locaux de la préfecture que se tient la table ronde pour lutter contre la vie chère mais à la CTM, ce jeudi matin.
Elus locaux, sénateur, député et collectif et acteurs de la grande distribution se sont réunis dans les locaux de la CTM afin de trouver des solutions à ce phénomène qui gangrène le pouvoir d’achat. Lors d’une table ronde désertée par le RPPRAC, la préfecture, élus et grande distribution avaient retenu quatre pistes. Quatre leviers pour faire baisser le prix de l’alimentaire.
Une diminution des prix de 20%
En effet, un résident guadeloupéen paiera son panier alimentaire 40% plus cher que dans l’Hexagone, selon l’Insee. Au titre de la continuité territoriale, le RPPRAC demande un alignement des prix sur ceux pratiqués dans l’Hexagone. L’ambition de la préfecture est de faire diminuer les coûts de 20%. « Nous ne sommes pas dans une économie administrée. L’alimentation, la nourriture ou les biens manufacturés, la production et la distribution ne sont pas des services publics », explique le préfet, Jean-Christophe Bouvier. La cause de la vie chère est structurelle comme l’affirme le préfet. 80% des produits consommés en Martinique sont importés. « Il existe 13 intermédiaires entre la production et l’achat du produit. Quant à la production locale, elle est contrainte par la taille du marché : 370 000 personnes», insiste-t-il. Il poursuit « La réponse est complexe et ne peut répondre à une injonction. »
“Nous sommes ici respectueusement”
De son côté, Rodrigue Petitot dit le « R » et porte parole du RPPRAC a agité un petit drapeau blanc. « Nous venons vers vous avec la sagesse et le désir que les choses avancent à partir d’aujourd’hui. Nous sommes ici respectueusement. » Seulement, il ne compte pas repartir d’une table ronde stérile. « Nous sommes venus dessiner des solutions pour que cela puisse s’arrêter. »
Stéphane Hayot s’est estimé « très heureux » de participer à cette table ronde. Le directeur général de GBH insiste lui aussi sur la difficulté structurelle de l’élaboration des prix. Les produits viennent de loin et le marché est restreint. Il a également évoqué le caractère concurrentiel du marché en évoquant la disparition des groupes Cora et Ho hio hen.
Une des pistes largement évoquées afin de pallier la vie chère, l’autonomie alimentaire. Faire du consommer local une arme contre des prix outranciers.
Laurianne Nomel