Dominica News Online – Vendredi 31 janvier 2025 à 14h23
Le Rapport régional 2024 sur la sécurité alimentaire et la nutrition, publié aujourd’hui par les Nations Unies, met en lumière le problème pressant de l’insécurité alimentaire aggravée par la variabilité climatique en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Concernant la Dominique, le pays a été identifié ces dernières années comme l’un de ceux connaissant des niveaux élevés d’insécurité alimentaire.
Entre 2021 et 2023, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) rapporte les moyennes suivantes pour la Dominique :
• Sous-alimentation : 13,4 %
• Prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou sévère : 34,4 %
Cela contraste fortement avec les taux mondiaux de 9,2 % et 11,3 %, respectivement, au cours de la même période.
Le rapport souligne que le changement climatique aggrave les causes sous-jacentes de la malnutrition, et que la sous-alimentation – définie par une consommation calorique insuffisante – a augmenté dans les régions gravement touchées par les phénomènes climatiques.
Environ 74 % des 20 pays analysés dans la région sont fortement exposés aux événements climatiques extrêmes (sécheresses, inondations et tempêtes), ce qui affecte considérablement la productivité agricole et les chaînes d’approvisionnement alimentaire.
Progrès limités malgré des efforts
Les données montrent une légère amélioration dans la lutte contre la faim, avec 41 millions de personnes affectées en 2023, soit 2,9 millions de moins qu’en 2022. Cependant, la prévalence de la faim (proportion de la population souffrant d’un apport calorique insuffisant) a augmenté au cours des deux dernières années dans les Caraïbes, atteignant 17,2 %, alors qu’elle reste stable à 5,8 % en Méso-Amérique.
L’insécurité alimentaire – définie comme le manque d’accès régulier à une alimentation suffisante pour une vie saine et active – reste élevée, touchant 187,6 millions de personnes, malgré une baisse de 19,7 millions depuis 2022.
Cette baisse modeste s’explique par la reprise économique en Amérique du Sud et par des programmes sociaux ciblés visant à améliorer l’accès à l’alimentation, ce qui a permis de ramener l’insécurité alimentaire en dessous de la moyenne mondiale pour la première fois en 10 ans.
Les effets du climat sur les populations vulnérables
Toutefois, les variations climatiques exacerbent les défis liés à la faim et à la malnutrition, en particulier pour les populations vulnérables comme les communautés rurales et les femmes – ces dernières disposant généralement de moins de ressources pour s’adapter aux impacts climatiques.
L’écart entre les genres dans la région est généralement plus marqué qu’ailleurs dans le monde. Cependant, en ce qui concerne la malnutrition infantile, la tendance est différente : en 2022, 22,3 % des enfants de moins de cinq ans souffraient de retard de croissance au niveau mondial, tandis que ce taux était inférieur (11,5 %) en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Malgré des avancées significatives depuis l’an 2000, les progrès en matière de lutte contre la malnutrition ont ralenti ces dernières années.
« Les chocs climatiques rendent de plus en plus difficile la production, le transport et l’accès à l’alimentation pour les familles en Amérique latine et dans les Caraïbes », explique Lola Castro, directrice régionale du Programme alimentaire mondial (PAM).
La nécessité d’actions pour renforcer la résilience
Le rapport insiste sur l’urgence d’adopter des mesures de résilience dans les systèmes agricoles, jugées essentielles pour éradiquer la faim et la malnutrition sous toutes leurs formes. Les experts plaident pour des politiques globales qui prennent en compte à la fois les défis climatiques et les inégalités socio-économiques.
Malgré les avancées, de fortes disparités subsistent : 50 % de la population des Caraïbes n’a pas les moyens de s’offrir une alimentation saine, contre 26 % en Amérique du Sud.
Les experts recommandent que, face à la menace persistante du changement climatique, les investissements se concentrent sur :
• Des pratiques agricoles durables
• L’amélioration des infrastructures
• Un soutien accru aux petits producteurs et aux groupes marginalisés
« Nous progressons dans la lutte contre la faim, mais les chiffres restent supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, ce qui montre qu’il reste encore beaucoup à faire. Il est crucial d’adapter nos systèmes alimentaires aux effets du changement climatique, qui aggrave l’insécurité alimentaire », déclare Rossana Polastri, directrice régionale du Fonds international de développement agricole (FIDA).
Le rapport conclut que s’attaquer à ces problèmes interconnectés est essentiel pour garantir que la réduction de la faim soit durable et inclusive, surtout à mesure que les événements climatiques extrêmes continuent de menacer la région.