Madeleine Jouye de Grandmaison réédite son ouvrage mémoriel, paru chez Seed Publications en 2018. Il témoigne d’un engagement infaillible pour son pays et surtout d’un regard précurseur en matière de développement durable et solidaire pour le Nord comme « pièce maîtresse dans le développement de la Martinique ». Un ouvrage, précieux et grand témoin de l’évolution du pays ces cinquante dernières années…
Elle est l’une des rares femmes martiniquaises de son époque engagée en politique, ayant initié autant de chantiers novateurs et avant-gardistes, en matière d’éducation, de culture, de patrimoine et de développement durable, dans un contexte sociétal pas forcément favorable. Elle avertit dans le préambule de son ouvrage, « Il rend compte de ma réflexion, de mes préoccupations, de mes observations en tant que Femme, dans un cercle politique machiste fondamentalement irrespectueux des Femmes ».
Celle que tout le monde nomme affectueusement Madeleine, tant sa côte de popularité est toujours au beau fixe, est entrée en politique sur son territoire, l’Ajoupa Bouillon lors des élections municipales de 1972, elle était alors membre du PPM depuis 1967. Elle fut le grand artisan du développement de sa commune, en y créant le syndicat d’initiative, puis du territoire Nord avec la valorisation d’un environnement naturel unique. C’est sans doute son expérience de professeur de Sciences Naturelles qui lui inspire une vision toute particulière du développement des territoires, qui passe avec la formation, par le contact et la reconnaissance de la Nature et de la terre. Ainsi, en 1990, elle incite les citoyens à être « acteurs de leur développement » et initie le chantier collaboratif des Ombrages qui allait devenir le premier « ensemble à caractère touristique et pédagogique, outil d’éducation à l’environnement » du territoire Nord.
Puis, ce sera la troisième phase de son projet de « développement concerté », « Convergence ou la descente des mornes ». Il y aura seize éditions de cette manifestation culturelle ancrée dans les traces et les mornes, valorisant le patrimoine naturel et la diversité culturelle du territoire. Une initiative menée par une réflexion sur la mise en intercommunalité des huit communes fédérées par la Montagne Pelée. Un travail de longue haleine, précurseur de la reconnaissance de ce territoire comme patrimoine mondial de l’humanité et de l’idée d’un tourisme vert à la Martinique…
Nathalie Laulé
