« L’agent maritime est le trait d’union entre la mer et la terre, entre les compagnies et tout un territoire. »
Catherine Defontis
Au salon Seatrade Cruise Global de Miami, la délégation antillaise était bien représentée. Parmi les piliers discrets, mais essentiels à l’écosystème de la croisière : les agents maritimes. Catherine Defontis, directrice des agences Guadeloupe et Martinique d’Antilles Shipping Services/Marship/Camarship et Oil & Sea Services, nous a accordé un entretien aux côtés de son équipe. L’occasion de mettre en lumière un métier souvent méconnu, mais incontournable, au cœur de chaque escale réussie.
Votre équipe est composée de profils variés, tous mobilisés sur le Seatrade. Pouvez-vous nous la présenter ?
Catherine Defontis : Nous sommes une équipe de 18 personnes en Guadeloupe et en Martinique, toutes mobilisées pour assurer un service irréprochable. Pour ce salon Seatrade, je suis accompagnée de Gina Xavier-Maximin-Anne, Executive Assistant, Arnaud Hugounenc, Head of Port Operations pour Antilles Shipping Services (consignation de navires de croisière) Guadeloupe & Martinique, et Vikram Jonathan Davis, Head of Port Operations pour MARSHIP (cargo) avec une belle expérience dans la croisière également. Cette pluralité d’expertises, ancrée localement, est précieuse pour assurer une présence active et réactive.
Quel est le rôle exact d’un agent maritime dans l’accueil des croisiéristes ?
Catherine Defontis : Un agent maritime, c’est l’interface terrestre des compagnies de croisière. Nous sommes leurs yeux, leurs bras, leur relais à terre. Préparer et réussir une escale, c’est anticiper et coordonner une multitude de services : réservation du poste à quai, formalités douanières et d’immigration, avitaillement en eau/carburant/provisions, embarquement, changement d’équipage, réparations, urgences médicales, etc. Rien ne peut être laissé au hasard.
Vikram Jonathan Davis : L’agent maritime est un véritable chef d’orchestre. Chaque navire, chaque escale, chaque compagnie a ses exigences. On change de “chapeau” à chaque escale. Il faut savoir écouter, anticiper, réagir. Notre rôle est de faire en sorte que tout se déroule sans accroc, dans l’intérêt de nos clients et du territoire. C’est un métier d’ombre, mais sans lequel la lumière de la croisière ne brillerait pas aussi bien.
Vous évoquez des liens étroits avec de nombreuses structures. Comment vous situez-vous dans l’écosystème croisière local ?
Catherine Defontis : L’agent maritime est au cœur du dispositif. Nous collaborons quotidiennement avec le Grand Port Maritime, les comités du tourisme de la Guadeloupe et de la Martinique, les services de l’État, les Tours Opérateurs, les shipchandlers, les remorqueurs, les manutentionnaires et autres prestataires techniques, etc. Nous faisons le lien entre la mer et la terre. Quand un navire a besoin de quoi que ce soit, il passe par nous. Nous sommes disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.


Comment s’organisent vos journées au salon Seatrade ?
Gina Xavier-Maximin-Anne : Les journées sont rythmées par des rendez-vous avec les compagnies que nous représentons et celles que nous ciblons. C’est un moment fort pour consolider nos relations, mais aussi pour développer de nouvelles opportunités.
Catherine Defontis : Nous avons échangé avec MSC, Costa, Virgin, Club Med, Windstar ou encore Marella. L’objectif étant de montrer que la Martinique et la Guadeloupe sont prêtes à les accueillir dans les meilleures conditions, que l’on parle sécurité, qualité de service ou diversité d’escales/d’expériences.

En quoi la Martinique et la Guadeloupe se distinguent-elles des autres îles ?
Arnaud Hugounenc : Nos îles ont une vraie authenticité. Une culture francophone, une histoire, une offre touristique originale et riche. C’est un positionnement différenciant dans une Caraïbe majoritairement anglophone. Aussi, les mouillages comme ceux, notamment en Martinique, des Anses d’Arlet, de Saint-Pierre, des Trois-Ilets, du Marin renforcent notre attractivité. Autant de nouvelles portes d’entrée maritimes que nous accompagnons activement.
La croisière est-elle un véritable levier pour le développement local ?
Catherine Defontis : Absolument. La croisière est un moteur économique réel. Chaque escale génère des emplois, des revenus pour les restaurants, les transports, les excursions, les commerces… C’est aussi une vitrine. En effet, à travers l’accueil des croisiéristes, nous montrons notre savoir-faire, notre professionnalisme, notre capacité à bien recevoir.
Mais au-delà des retombées immédiates, il y a un effet structurant. De plus en plus d’Antillais découvrent la croisière au départ direct de Fort-de-France ou de Pointe-à-Pitre. Il n’est plus nécessaire de passer par l’Hexagone pour embarquer. C’est une évolution significative de notre rapport au tourisme et une opportunité locale que nous accompagnons pleinement.
Propos recueillis par Philippe Pied

