–
Le pape François est décédé ce lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans, à la résidence Sainte-Marthe au Vatican, après plusieurs semaines d’hospitalisation dues à une pneumonie. Son décès marque la fin d’un pontificat de plus de dix ans, au cours duquel Jorge Mario Bergoglio a profondément marqué l’Église catholique, tant par son style direct que par ses prises de position sur des sujets sensibles. Tour d’horizon de ses déclarations et combats les plus marquants.
Une parole contre la pédocriminalité, mais des mesures jugées insuffisantes
Dès les premières années de son pontificat, le pape François a condamné avec une rare fermeté les abus sexuels commis par des membres du clergé. Il a qualifié ces crimes de « grande monstruosité » et de « manifestation flagrante du mal », allant jusqu’à évoquer l’influence de « Satan » dans ces actes. Pour lui, l’Église devait reconnaître ses fautes, écouter les victimes, demander pardon et rompre avec la culture du silence.
Lors du sommet de 2019 au Vatican, il a appelé à des « mesures concrètes » pour lutter contre les abus, affirmant que « personne ne doit être au-dessus de la justice », pas même dans l’Église. Il a notamment plaidé pour une harmonisation des règles à l’échelle mondiale, l’élévation de l’âge de protection des mineurs dans les cas de pornographie infantile, et l’obligation de signaler les faits à la justice ecclésiastique.
Mais malgré ces paroles fortes, de nombreuses associations de victimes ont exprimé leur déception. Elles dénoncent un manque de décisions structurelles, l’absence de tolérance zéro, et un refus persistant de collaborer pleinement avec la justice civile. Le pape François a souvent été accusé de se réfugier dans un langage spirituel ou symbolique, sans aller jusqu’à sanctionner systématiquement les responsables.
Certaines victimes saluent néanmoins son écoute. Lors d’une rencontre marquante en Belgique, en septembre 2024, dix-sept survivants d’abus ont pu lui parler. L’une d’entre elles, violée enfant par un prêtre, a décrit cet échange comme un « pardon de substitution » profondément libérateur. Le pape, selon ses proches collaborateurs, priait, pleurait parfois, et laissait les victimes s’exprimer « aussi longtemps qu’elles en avaient besoin ». Mais pour nombre d’entre elles, l’émotion ne saurait remplacer les actes.
Une opposition intransigeante à l’avortement
Dans ses déclarations publiques, le pape François s’est régulièrement positionné contre l’avortement, qu’il a qualifié de « meurtre », comparant parfois le geste à l’embauche d’un « tueur à gages ». Il dénonçait une « culture du déchet » qui, selon lui, banalise la suppression des vies jugées non désirées.
Il a critiqué avec vigueur les législations favorables à l’IVG, tout en encourageant les fidèles à accompagner les femmes confrontées à des grossesses non désirées. Ces positions ont conforté la doctrine traditionnelle de l’Église, mais ont aussi suscité de vives réactions, notamment dans les pays où le droit à l’avortement progresse.
Un engagement pour le dialogue interreligieux
Autre marqueur du pontificat de François : son engagement pour la paix entre les religions. En 2019, il a signé à Abou Dhabi, avec le grand imam d’Al-Azhar, un « Document sur la fraternité humaine » prônant la coexistence, la tolérance, et la condamnation de toute forme de violence au nom de la foi. Ce geste a été salué comme historique, dans un monde marqué par les tensions religieuses et les replis identitaires.
François croyait à la diplomatie de la rencontre. De la Grande Mosquée de Bangui à la synagogue de Rome, il a tendu la main aux autres confessions et encouragé les catholiques à sortir de leur tour d’ivoire pour construire la paix « sur le terrain ».
Un pontificat à l’image de son auteur : humble, combatif, mais souvent tiraillé entre tradition et réforme.
Si le pape François restera dans l’histoire comme le premier pontife sud-américain, jésuite et proche des pauvres, il laissera aussi l’image d’un chef d’Église ayant voulu bousculer les lignes, sans toujours parvenir à les faire bouger.
Son décès ouvre désormais une nouvelle ère pour l’Église catholique, face à des défis restés, pour l’heure, irrésolus.