En mars 2020, RUBIS Mécénatfonds de dotation du groupe éponyme pour des projets artistiques et sociétauxlançait en association avec sa filiale, la SARA*, un appel à projets pour la réalisation d’une œuvre monumentale sur l’un des bacs de stockage de la raffinerie. Et c’est le projet de l’artiste martiniquais, Pierre Roy-Camille, qui fut retenu. De quoi s’agit-il ? Présentation.


« On a droit au beau », déclara d’emblée Philippe Guy, le directeur général de la SARA, « et le beau c’est aussi la rencontre des artistes, de l’art au sens large, avec le monde industriel. La nuit une raffinerie ressemble étrangement à une cathédrale des temps modernes ; c’est magnifique. Il y a donc un rapprochement qui ne s’oppose pas, entre le monde artistique, culturel, et le monde industriel. » Au sujet de la future œuvre de Pierre Roy-Camille, on en sait peu pour le moment : la création devrait notamment arborer des couleurs noires et blanches et s’appeler Five hundred years ago (‘’Il y a 500 ans’’). D’ailleurs pourquoi ce titre ? « Je travaille beaucoup sur la thématique du motif végétal et on a tous un référent commun autour du palmier », précisa l’artiste, « c’était l’idée d’une préexistence de cette image végétale, comme si elle était une évidence, comme si elle avait toujours été là. Donc proposer quelque chose de très lisible, qui s’impose comme une évidence. Ce titre c’est l’idée d’une Martinique avant sa découverte d’une certaine manière. » Pour l’artiste plasticien martiniquais Ricardo Ozier-Lafontaine, membre du jury pour cet appel à projets (et « présent » lors de cette rencontre via visioconférence), il s’agit là d’un « projet exceptionnel et d’envergure pour la Martinique, porté par artiste important, présent à l’international*. » Une envergure notamment et évidemment inhérente à l’ampleur de la surface sur laquelle Pierre Roy-Camille déploiera sa création : 220 à 250 m2 (« peut-être la plus grande peinture que j’aurai réalisée à ce jour », glissera l’artiste). Tout ceci au sein d’un site ultra-sécurisé (répondant par conséquent à de précises exigences), et avec – autre enjeu et non des moindres – la volonté d’une visibilité-lisibilité de l’œuvre en interne et en externe (la future création pourra en effet être vue depuis l’autoroute). « Que l’expérience, quelque soit le niveau de distance, soit toujours enrichissante et différente », précisa Pierre Roy-Camille, « c’est donc un vrai challenge de s’engager sur un projet aussi grand ; c’est stimulant (sourire). » Nous le croyons volontiers.

« La Martinique m’inspire énormément encore aujourd’hui »

« Je joue avec plusieurs codes », expliqua alors l’artiste quant auxcaractéristiques de sa création, « des codes qui sont ceux de l’impression, de la publicité – de par la lisibilité, les contrastes etc. – donc on se demande ce qu’on regarde : une photo ? une affiche ? une gravure ancienne ? Je convoque un peu toutes ces choses. » Et de poursuivre : « J’ai vécu une partie de ma vie en Martinique, une partie de ma famille habite encore ici ; ça fait un bon moment que je suis parti mais une forte partie de mon identité d’artiste a été nourrie et construite par mon expérience et ma vie ici : j’ai tout un propos sur le végétal,sur la puissance de la nature qu’on retrouve en Martinique. Et même si je poursuis ma carrière en France et à l’international – beaucoup en Asie ces dernières années –, il me tient vraiment à cœur de faire des allersretours et de continuer à apporter à la Martinique ce que je peux lui apporter visuellement et artistiquement, parce que c’est un territoire qui m’inspire et me nourrit énormément encore aujourd’hui. C’est vraiment un dialogue et un échange permanent. » Ultime interrogation : quelle sera la durée de réalisation de cette future œuvre ? « A peu près 25 jours de travail », répondit Pierre Roy-Camille (qui devrait être assisté de deux autres artistes) durant le mois de novembre prochain. Il nous tarde déjà de découvrir le fruit de cette rencontre entre matière industrielle et création artistique.

                                                                                                                   Mike Irasque

*SARA : Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles.

* Né en Martinique en 1979, Pierre Roy-Camille a été formé à la célébrissime école des Beaux-Arts de Paris. L’artiste développe une œuvre notamment décrite comme foisonnante et protéiforme, conjuguant en effet dessin, peinture, gravure, sérigraphie, art numérique, vidéo, peinture murale, etc. « L’histoire personnelle de l’artiste fait surgir dans son travail un univers tropical mi-naturaliste mi-fantastique, où c’est la nature qui commande ». (source : RUBIS Mécénat) www.roy-camille.com

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