Le durcissement du cadre fiscal et environnemental redéfinit le paysage des voitures de fonction. Coût accru, choix réduit, normes renforcées : 2025 marque un tournant pour les flottes d’entreprise. L’année 2025 s’ouvre sur une réforme de fond pour les voitures de fonction. À partir du 1er février, un nouveau cadre fiscal entre en vigueur, combinant incitations à la transition écologique et fin progressive des avantages pour les véhicules thermiques. Résultat : un coût en hausse pour les entreprises et les salariés, une offre recentrée sur l’électrique, et des obligations de verdissement qui s’imposent à toutes les flottes.
Un nouveau cadre fiscal et environnemental
Le principal changement réside dans la refonte des règles fiscales encadrant l’avantage en nature des voitures de fonction. Jusqu’ici relativement stable, ce dispositif devient plus strict, en particulier pour les véhicules thermiques et hybrides.
Pour les modèles électriques, seuls les véhicules neufs dotés d’un éco-score conforme et d’un prix inférieur à 47 000 € bénéficient d’un abattement fiscal de 70 %, plafonné à 4 582 €. Cette mesure vise à soutenir les modèles sobres et accessibles, au détriment des SUV électriques haut de gamme.
Côté recharge, la fiscalité devient plus précise : l’électricité consommée sur le lieu de travail n’est pas comptabilisée dans l’avantage en nature, alors que les frais à domicile sont intégrés à hauteur de 50 %.
Pour les véhicules thermiques et hybrides, le tour de vis est net. Le malus écologique grimpe fortement, avec un plafond relevé à 70 000 € pour les véhicules les plus polluants, et un seuil abaissé à 113 g/km de CO₂. La TVS (taxe sur les véhicules de société) disparaît, remplacée par deux taxes annuelles : l’une sur le CO₂, l’autre sur les polluants atmosphériques. Les niches fiscales accordées à certains véhicules hybrides sont progressivement supprimées.
« Cette réforme consiste à considérer que 50 % des trajets effectués en voiture de fonction sont des trajets privés, contre 30 % aujourd’hui… On réduit cet avantage fiscal indu qui ne correspond à aucun objectif de politique publique et qui est une niche ‘brune’, puisqu’il s’agit d’une aide pour des voitures thermiques. — Léo Larivière, expert chez Transport & Environnement
Conséquences pour les salariés et les entreprises
L’impact est immédiat sur les coûts. Selon les simulations du cabinet Flotte&Co, le coût mensuel d’une Peugeot 3008 hybride grimpe de 86 à 144 € pour le salarié, et de 99 à 165 € pour l’employeur.
Autre conséquence : le rétrécissement de l’offre. Les véhicules qui restent fiscalement attractifs sont essentiellement les électriques compacts (Renault Mégane E-Tech, Peugeot e-2008, Tesla Model 3 entrée de gamme). Les gros SUV thermiques ou hybrides rechargeables deviennent, eux, difficilement rentables.
Les entreprises doivent désormais intégrer l’éco-score dans leur politique de flotte, anticiper les renouvellements et éviter les surcoûts liés aux nouvelles taxes.
À cela s’ajoutent les obligations de verdissement issues des lois LOM et Climat : 20 % de véhicules à faibles émissions dans les renouvellements dès 2024, 40 % en 2027, 70 % en 2030.
Un effet domino sur les ZFE et la mobilité urbaine
Cette réforme s’inscrit dans une dynamique plus large de réduction des émissions du parc automobile professionnel. Elle accompagne l’extension des zones à faibles émissions (ZFE), qui concerneront 42 agglomérations dès 2025. Les véhicules Crit’Air 3, 4 et 5 y seront progressivement exclus, renforçant la pression sur les véhicules les plus anciens ou polluants.
Un changement structurel dans la mobilité d’entreprise
Au-delà de la fiscalité, c’est toute la place de la voiture de fonction dans la politique de mobilité des entreprises qui est repensée. Certaines sociétés envisagent de la remplacer par des crédits mobilité, des solutions de leasing vélo ou des transports publics pris en charge. L’objectif est double : réduire les coûts et améliorer leur bilan carbone.
En résumé
Les voitures de fonction deviennent plus chères, surtout pour les modèles thermiques et hybrides.
Les véhicules éligibles aux avantages fiscaux sont désormais strictement encadrés par des critères environnementaux.
Les entreprises doivent adapter leur flotte pour rester en conformité et optimiser leurs charges.
Les salariés voient leur avantage en nature diminuer, à moins d’opter pour un véhicule électrique répondant aux nouveaux standards.
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