Entretien avec Stéphane Timbert, directeur régional de la BRED en Martinique
Présent depuis plusieurs mois en Martinique, le directeur régional de la BRED, Stéphane Timbert, réaffirme l’engagement de la BRED aux côtés de l’association Alé Viré pour soutenir le retour au pays de nos talents martiniquais. À l’occasion d’un apéro-réseau coorganisé dans l’agence centrale de Fort-de-France, il a longuement échangé avec le public sur les grands sujets financiers du moment : épargne, immobilier, éducation financière, cryptomonnaies… mais aussi et surtout sur sa vision humaine de la banque, ancrée dans le territoire. Il revient ici sur les raisons de son partenariat avec Alé Viré et partage, sans détour, sa conception d’une banque au service des gens.
Vous avez ouvert les portes de la BRED à Alé Viré pour cette rencontre. Pourquoi avoir dit oui à ce partenariat ?
Parce que ce que porte Alé Viré a du sens. Quand Catherine Conconne m’a présenté l’association, j’ai tout de suite compris qu’on parlait des mêmes enjeux : ramener les talents, retisser du lien, créer les conditions d’un retour durable au pays. Je suis arrivé récemment de Paris, et j’ai été frappé par l’énergie qu’il y a ici, par les gens incroyables que je rencontre, leur chaleur, leur envie d’agir. Mais pour que cela dure, il faut que les acteurs économiques prennent leur part. La banque a un rôle à jouer. Ce partenariat avec Alé Viré, c’est notre façon de dire :
“On est là, à vos côtés, pour construire, pas pour observer.”
Dans un monde bancaire qui se digitalise à toute vitesse, vous avez insisté sur l’importance de l’humain. C’est encore d’actualité ?
Plus que jamais. À la BRED, 250 collaborateurs se lèvent chaque matin pour accueillir les Martiniquais dans nos agences. Et bientôt, une nouvelle agence ouvrira dans le Nord-Caraïbe, entre Saint-Pierre et Fort-de-France. C’est un choix assumé : nous ne réduisons pas la voilure, nous investissons dans la proximité. Ce que ne peuvent pas offrir les banques 100 % en ligne, ce sont ces moments d’échange, d’écoute, de conseil personnalisé. Nous avons une application performante, BRED Connect, mais rien ne remplacera jamais la qualité d’une relation humaine durable.
L’un des sujets abordés lors de la soirée, c’est l’éducation financière. Pourquoi est-ce aussi stratégique ?
Parce que tout commence là. Si on ne comprend pas ce qu’est un budget, un taux, une épargne, on prend de mauvaises décisions. Et souvent, on ne s’autorise même pas à rêver. C’est un vrai handicap. Alors avec Olivia Audenay, notre responsable des partenariats, on intervient dans les écoles, les lycées, mais aussi dans les entreprises, y compris dans les plus grandes structures locales. On parle au chauffeur de camion comme à l’ingénieur. Ce n’est pas du marketing, c’est du service pur. On explique comment fonctionne une banque, pourquoi les taux bougent, ce qu’est l’inflation, comment monter un dossier immobilier. Mieux on comprend, mieux on avance.
Justement, quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent épargner aujourd’hui, malgré le contexte difficile ?
D’abord, commencer petit. Mieux vaut un virement automatique de 30 € chaque mois que rien du tout. L’épargne, c’est un réflexe à construire. Ensuite, se poser trois vraies questions :
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Quel est mon profil de risque ?
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Quel est mon objectif et mon horizon de placement ?
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Quelle est ma capacité réelle à mettre de côté ?
Ensuite, on construit une stratégie adaptée : livret A, assurance-vie, compte-titre, mandat de gestion… On ne met jamais tous ses œufs dans le même panier. Et surtout, on garde une réserve de sécurité. En Martinique, un simple problème mécanique peut coûter 5000 euros s’il faut faire venir une pièce de l’Hexagone. Sans épargne, c’est la galère assurée.
Un mot sur les cryptomonnaies ? Sujet tendance… mais polémique.
Je dis simplement : attention. La crypto, c’est un outil intéressant, mais ça reste très risqué, peu régulé, et sans filet de sécurité. Une banque comme la nôtre garantit vos dépôts jusqu’à 100 000 euros. En crypto, vous êtes seul. Pour ceux qui veulent s’y aventurer, qu’ils le fassent avec une part résiduelle de leur patrimoine, et surtout après avoir sécurisé le reste. On commence toujours par les bases. Ensuite, on explore. Pas l’inverse.
Près de la moitié des personnes présentes à la soirée ont un projet immobilier. Vos conseils pour monter un bon dossier ?
C’est simple : venez nous voir avant de visiter. Beaucoup font l’erreur inverse. Coup de cœur, visite, puis rendez-vous banque… et là, parfois, douche froide. Un bon dossier, c’est d’abord de l’épargne constituée (au moins les frais de notaire), un profil emprunteur propre (pas d’incidents bancaires ni de surendettement), et une projection réaliste. Nous avons mis en ligne une calculette gratuite sur bred.fr, qui permet de simuler très facilement sa capacité d’emprunt. Et je le rappelle : même si vous n’êtes pas encore client, nos conseillers vous accueillent, vous guident. La porte est ouverte.
Pour conclure, que retenez-vous de cette soirée et de votre implication locale ?
Je retiens une chose : il y a une vraie envie ici. Une volonté de revenir, de construire, de faire ensemble. Et moi, je suis venu pour ça. En tant que banquier, oui, mais surtout en tant que partenaire du territoire. La Martinique a un potentiel fou. Ce serait un gâchis de ne pas le faire éclore. Alé Viré agit avec courage, et nous voulons continuer à l’accompagner. Car oui, ce pays le mérite. Et ses habitants aussi.
Philippe Pied