Patron de la Martinique Yole Ronde Transmanche et organisateur de cet évènement, Christophe Dédé, connu aussi pour être le Patron de la yole Bwa Viré, nous a livré son sentiment au lendemain de la grande parade nautique et juste avant de partir pour la Corse avec son équipage, où les attendent d’autres défis…
“Nous n’avons pas conscience en Martinique de ce que cela représente comme événement mondial ! C’est une opportunité et une exposition unique pour la yole ronde de Martinique.”
Antilla : Quel est votre ressenti au lendemain de cette incroyable aventure ?
Christophe Dédé : Notre bateau de Martinique est labellisé à l’Unesco mais il n’est pas un sport olympique ! Alors tout le monde se demandait comment on pouvait participer à cela. Puis, chemin faisant entre les contacts, les relations, et la magie de la yole, nous avons pu mettre en place avec les organisateurs un atelier ultramarin qui nous a permis d’y participer ainsi que les pirogues polynésiennes, et de pouvoir naviguer. Nous avons pu participer à la grande fête nautique qui a eu lieu hier pour l’arrivée de la flamme. Nous avons d’abord été accueillis par notre partenaire le Yacht Club de Pointe Rouge et le lycée des Calanques qui nous hébergent, nous avons pu naviguer et faire des démonstrations de yole. Nous avons travaillé depuis des mois avec les organisateurs pour que tout se passe dans les meilleures conditions. Une fois que l’opération a été lancée, il a fallu préparer les jeunes et les yoleurs, on s’est mis dans le bain de l’olympisme. Quand on est en Martinique on ne s’imagine pas ce que ça représente, on est très loin de la réalité. Mais lorsque nous sommes arrivés à Marseille, tout le monde ne parlait que de ça, tout était organisé autour de ça ! Nous n’avons pas conscience en Martinique de ce que cela représente comme évènement mondial ! C’est une opportunité et une exposition unique pour la yole ronde de Martinique. On montre au monde ce que nous sommes, notre bateau ! Nous avons eu une réception au Lycée des Calanques avec les représentants du Ministère de l’enseignement agricole et le Recteur dans son discours a dit aux jeunes, « Vous allez vivre un moment exceptionnel, les yeux du monde vont vous regarder ! ». Puis, est venu le jour J, avec avant beaucoup de préparation, beaucoup de concentration, il faut que tout soit réglé au millimètre. Et une fois dans l’action, nous avons pu naviguer à moins de vingt mètres du Belem, tout le monde a alors pris conscience de la chance que nous avions d’être là…Nous faisions partie de cette grande fête autour des jeux olympiques, nous sommes privilégiés, il y a peu de gens qui ont pu y participer, c’est une grande fierté.
Antilla : Comment avez-vous pu organiser tout cela, les déplacements de la yole, des équipes, la logistique?
Christophe Dédé : Nous avons un dispositif sur place depuis que nous avons participé à la traversée de la Manche avec notre association, Martinique Yoles Rondes TransManche, en 2022. Il y a les yoleurs qui adhèrent au projet et nous accompagnent dans ces déplacements. L’équipage est composé des élèves et des yoleurs de Bwa Viré. C’était une aventure exceptionnelle pour les élèves, c’était magique pour eux. Depuis la traversée de la Manche, nous avons une yole qui reste là, son port d’attache est à la Rochelle. Chaque fois que nous participons à un évènement, il y a un transitaire qui nous l’amène sur les lieux avec tout le matériel. C’est une yole que nous avons récupérée et retapée, ça fait deux ans qu’elle reste en France. Après la traversée de la Manche, nous avons fait Fort Boyard, Monaco, Cannes, donc nous avons fait très tôt des investissements pour avoir tout sur place. Comme cela on ne déplace que le groupe sinon ce serait trop cher. Notre but cette fois, était d’être là pour l’arrivée de la flamme olympique et nous partons ensuite pour la Corse, nous sommes invités à participer à des régates là-bas et à découvrir le monde agricole pour nos élèves.
“L’organisation de cette journée a été super millimétrée, nous avons bénéficié d’une super écoute, ils ont vite pris conscience de ce que nous sommes, de nos spécificités.”
Antilla : Comment avez-vous trouvé l’organisation du Comité Olympique ?
Christophe Dédé : L’organisation de cette journée a été super millimétrée, nous avons bénéficié d’une super écoute, ils ont vite pris conscience de ce que nous sommes, de nos spécificités, il y a une reconnaissance du bateau et ensuite entre professionnels dans l’organisation, on trouve toujours les bonnes solutions pour que tout fonctionne bien, tout s’est très bien passé. Et sur la base ou l’on se trouve à Pointe Rouge, la yole a eu beaucoup de succès, la yole est magique, à chaque déplacement les jeunes, les gens, veulent comprendre comment ça marche, ils veulent s’embarquer…Et en fait tout cela fait la promotion de notre île. Et tout cela n’aurait pas été possible sans nos partenaires martiniquais privés et le LEGTA de Croix Rivail, l’établissement qui a permis à ces jeunes de vivre cette aventure. Sans nos partenaires qui nous suivent dans tous nos voyages, la yole n’aurait pas eu cette visibilité mondiale à l’occasion des Jeux Olympiques.
Antilla : Avec tout ce programme, serez-vous de retour à temps pour préparer le Tour des Yoles 2024?
Christophe Dédé : Oui bien sûr, nous rentrons en Martinique le 21 mai !
Propos recueillis par Nathalie Laulé