REPERES- 7 FÉVRIER 2025
Le débat sur la vie chère entamé depuis 2009 a été en fin d’année l’occasion de violences criminelles qui ne peuvent qu’être condamnées.
Beaucoup d’autres moyens que la destruction d’entreprises et donc d’emplois existent pour attirer l’attention sur le niveau excessif des prix, constaté dans de très nombreux pays.
La récente campagne présidentielle des États-Unis, par exemple, a beaucoup tourné autour de l’inflation.
Si nous voulons néanmoins avancer, aux Antilles françaises, sur cette question, il convient de l’intégrer dans une approche globale de l’évolution du pays : les Guadeloupéens, les Martiniquais se contentent-ils d’être des consommateurs/importateurs de biens et de services conçus et produits ailleurs, ou veulent-ils participer à l’effort millénaire de toutes les communautés humaines, qui ont toujours produit tout ou partie de ce qui est nécessaire à leur vie quotidienne et à leur progrès ?
S’ils désirent, ce que la dignité exige, produire et pas seulement consommer, le concept de continuité territoriale souvent mis en avant doit être analysé avec une certaine prudence.
Déclarer que chaque commerçant antillais doit vendre au même prix à Basse-Terre ou à Saint-Joseph qu’à Limoges ou à Charleville-Mézières comporte deux dangers.
D’une part, compte tenu des frais d’approche, vendre au même prix signifie vendre à perte, et donc disparaître très vite, sauf si quelqu’un paie la différence.
D’autre part, les multinationales fabriquent ou achètent par très grandes quantités ; grâce aux conséquences des économies d’échelle, elles auraient vite fait de submerger le marché local et ne laisseraient aucune chance de rentabilité aux entreprises opérant seulement sur les petits marchés de la Guadeloupe et de la Martinique.
En revanche, dans le cadre d’un projet global soigneusement élaboré en concertation avec tous les acteurs concernés, il est possible d’envisager l’extension à d’autres secteurs clés, du dispositif mis en place par l’EDF, qui permet aux territoires d’outre-mer de bénéficier du même prix au kilowatt heure que l’utilisateur d’électricité de l’Hexagone.
Un tel dispositif n’aurait rien de choquant pour le transport maritime et pour le transport aérien, dans le cadre d’un projet global de développement tel que prévu par les lois de décentralisation.
L’absence de ce projet global est une cause directe de la détérioration de notre pouvoir d’achat, autrement plus importante que les marges arrière des grandes surfaces.